Que deviennent les animaux exotiques qui survivent à leurs propriétaires ?
Louisa Jaskulski est morte dans son sommeil en 2023, à l'âge de soixante-dix-sept ans, quelques jours seulement après avoir subi ce qui semblait, à première vue, être une opération cardiaque réussie. Lorsqu'elle a insisté pour rentrer chez elle auprès de ses animaux au lieu d'être transférée dans un centre de rééducation, sa famille et ses amis se sont inquiétés.« La veille de son décès, je suis...
Louisa Jaskulski est morte dans son sommeil en 2023, à l'âge de soixante-dix-sept ans, quelques jours seulement après avoir subi ce qui semblait, à première vue, être une opération cardiaque réussie. Lorsqu'elle a insisté pour rentrer chez elle auprès de ses animaux au lieu d'être transférée dans un centre de rééducation, sa famille et ses amis se sont inquiétés.
« La veille de son décès, je suis arrivée et elle était dans la cage avec Travis, un loriquet. Je lui ai dit "mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être couchée, regarde tes pieds, ils sont tout enflés" », raconte son ami Shaun Dyson. « Elle s'occupait plus d'eux que d'elle-même. Je pense que c'est ce qui a causé sa perte ».
Quatre pigeons paons blancs, trois perroquets Amazone, trois loriquets, deux pinsons, deux tortues du désert, un agame barbu et un scinque à langue bleue, tous recueillis, ont survécu à Louisa Jaskulski.
« Pour moi, le lien avec les oiseaux et les reptiles est très profond », disait-elle lors d'une interview en 2020. « Lorsque je regarde un perroquet, un pinson ou un pigeon dans les yeux, ou un lézard, un serpent ou une tortue, j'ai l'impression de regarder Dieu dans les yeux. »
Mais lorsque les propriétaires d'animaux exotiques meurent, où vont leurs animaux ? L'idéal est de garder les animaux dans la famille, mais il n'est pas certain qu'ils veuillent assumer la responsabilité d'être, en quelque sorte, un gardien de zoo amateur.
UN PROBLÈME DE PERROQUETS
Louisa Jaskulski n'a laissé aucune directive quant au devenir de ses animaux, peut-être parce qu'elle savait qu'elle pouvait compter sur ses amis sauveteurs d'animaux pour régler la question. Les plus difficiles à placer étaient les perroquets et les tortues, des animaux à la grande longévité qui peuvent être des animaux de compagnie demandant beaucoup de soins.
Les perroquets, qui vivent soixante-dix ans ou plus, sont souvent assez aimables au départ, mais ils deviennent souvent méchants et difficiles lorsqu'ils atteignent la maturité sexuelle, c'est-à-dire entre un et six ans, selon l'espèce, explique Sarah Lemarié, directrice générale de Mickaboo, une association de sauvetage de perroquets basée à San Jose, en Californie. « Pour chaque perroquet qui est amical avec les gens, il y en a tout un tas qui mordent et crient » parce qu'ils ont peur des humains, dit-elle.
Animaux très intelligents et sociaux, les perroquets ont également besoin de beaucoup d'interactions et de stimulation, d'une cage spacieuse avec de nombreux jouets et d'un temps supervisé en dehors de leur cage au moins deux fois par jour, explique Sarah Lemarié.
Alors que de nombreux perroquets et tortues sont de plus en plus menacés dans la nature, ils sont beaucoup trop nombreux en captivité, affirme Janet Trumbule, directrice générale d'Oasis, un refuge pour perroquets situé à Benson, dans l'Arizona.
Le problème s'est aggravé après la pandémie, lorsque les gens ont commencé à abandonner les animaux exotiques qu'ils avaient achetés pendant le confinement.
« Lorsque les gens ont recommencé à voyager, que nous avons tous été vaccinés, nous avons eu une telle vague d'abandons que nous étions débordés. À l'heure actuelle, nous avons trente à quarante [perruches] qui attendent d'être accueillies et probablement quatre-vingts à quatre-vingt-dix en famille d'accueil. »
Lorsque les éleveurs réalisent à quel point les oiseaux exotiques sont souvent malheureux en captivité, ils abandonnent et rejoignent la communauté des sauveteurs. « Mais entre-temps, ils ont contribué au problème et encouragé un certain nombre de leurs amis à s'y mettre aussi », explique Sarah Lemarié.
LES TORTUES TERRESTRES
Les tortues représentent un défi particulier. Souvent vendues dans les animaleries lorsqu'elles sont petites et mignonnes, les tortues étoilées de Madagascar et les tortues sillonnées deviennent rapidement des mastodontes qui ont besoin d'une cour spacieuse et clôturée, de températures chaudes toute l'année et de brouettes de nourriture.
Avec la fin de la pandémie, les centres de sauvetage de tortues ont constaté une augmentation importante du nombre de personnes souhaitant se débarrasser de leurs animaux de compagnie mal considérés, explique Katie Rickon, fondatrice de Tortoise Acres, un centre de sauvetage d'une centaine d'hectares situé à Anderson, en Californie. « Nous refusons vingt à trente tortues par semaine par manque de place », explique Katie Rickon.
La longévité des tortues, qui peuvent vivre jusqu'à cent cinquante ans et plus, ne fait qu'aggraver le problème.
« Je conseille aux personnes qui possèdent des tortues de préciser dans leur testament à qui elles veulent les confier et d'en discuter avec la personne à qui elles les lèguent », insiste Amanda Ebenhack, qui travaille au Central Florida Wildlife Center Inc, un refuge de six hectares situé à Okeechobee, en Floride.
Amanda Ebenhack et Katie Rickon séparent leurs tortues femelles et mâles pour éviter qu'elles ne se reproduisent.
MIEUX VAUT PRÉVOIR
Pour tous ceux qui envisagent d'adopter un perroquet ou un autre animal exotique à longue espérance de vie, Sarah Lemarié conseille vivement aux propriétaires potentiels de faire des recherches approfondies sur la façon de garder ces animaux en sécurité et relativement heureux en captivité.
De plus, il faut savoir à l'avance ce qu'il adviendra de ces animaux après votre décès, relève Janet Trumbule.
« J'ai établi un plan successoral et mes oiseaux seront laissés au sanctuaire pour le reste de leur vie », dit-elle. « De plus en plus de propriétaires d'animaux le font, pas seulement pour les oiseaux, mais pour tous les animaux qu'ils possèdent. C'est vraiment essentiel pour les animaux qui ont de fortes chances de nous survivre.
Christa Chadwick, vice-présidente des services de refuge de l'ASPCA, indique par mail que l'organisation à but non lucratif propose des ressources de planification pour les propriétaires qui ajoutent des animaux de compagnie à leur plan de succession.
« Une fois que les animaux de compagnie entrent dans nos vies, ils deviennent des membres essentiels de nos familles, donnant et recevant de l'amour, de la compagnie et du soutien », explique Sarah Chadwick. « Il est donc important de leur assurer une prise en charge ininterrompue au cas où nous ne serions plus en mesure de nous en occuper nous-mêmes. »