Quand les mamans éléphantes ont besoin d’aide, elles peuvent compter sur des "nounous"

Mai 14, 2025 - 08:20
Quand les mamans éléphantes ont besoin d’aide, elles peuvent compter sur des "nounous"

En décembre 2023, une éléphante d’Afrique âgée de dix ans a disparu dans la réserve nationale de Samburu, au Kenya. Lorsqu’elle refit surface, un mois plus tard, elle était accompagnée de deux autres femelles qui n’étaient pas de sa famille, que l’on estimait avoir respectivement dix et quinze ans. La plus jeune s’occupait d’un nouveau-né.

Selon le directeur de recherches de l’organisation de conservation Save the Elephants, au Kenya, Giacomo D’Ammando, ce qu’il s’est passé ensuite est remarquable.

« [L’éléphante tout juste rentrée] a endossé le rôle d’aide, prêtant main forte aux jeunes mères inexpérimentées pour élever leur petit, un peu comme une nourrice », explique Giacomo D’Ammando.

Bien qu’il s’agisse d’une histoire incroyable, les allomères, des femelles qui aident à élever un petit qui n’est pas le leur, existent depuis toujours. Elles jouent un rôle important dans la société des éléphants, en aidant et réconfortant les bébés pour soutenir la mère.

« Elles sont un peu comme des nourrices et on les retrouve dans toutes les branches de la société des éléphants », ajoute Shifra Goldenberg. La scientifique étudie la durabilité de la population pour la San Diego Zoo Wildlife Alliance, une organisation à but non-lucratif du zoo de San Diego, et a étudié les éléphants sauvages au Kenya.

Parfois, ce sont les femelles plus âgées, comme les grand-mères et les tantes qui assument ce rôle. « Mais il est plus courant de voir des groupes plus jeunes […] qui sont attirées par les bébés, qui veulent réellement passer du temps avec eux, s’en occuper. Ce comportement apporte de nombreux bienfaits », explique Shifra Goldenberg. La plupart des nourrices ont moins de quinze ans et n’ont jamais eu de petits, remarque Giacomo D’Ammando.

Les jeunes allomères bénéficient ainsi d’une bonne expérience de parentalité lorsqu’elles interagissent avec les éléphanteaux adoptés, explique Shifra Goldenberg. De plus, les mères ont ainsi une autre paire d’yeux pour surveiller leurs enfants. Comme les éléphants ont tendance à se séparer pour partir à la recherche de nourriture, « cela aide d’avoir plus de jambes et de trompes qui entourent les petits », ajoute-t-elle.

À en croire Giacomo D’Ammando, les nourrices éléphantes passent beaucoup de temps à féliciter et à toucher le bébé.

Elles rassurent également les éléphanteaux en détresse, les « caressant [souvent] partout avec leur trompe », décrit Shifra Goldenberg. Giacomo D’Ammando ajoute à cela que les nourrices interviennent également pour aider dans de multiples situations. Par exemple, si de très jeunes éléphanteaux tombent et n’arrivent pas à bien marcher, ou alors s’ils se retrouvent coincés dans la boue, s’ils paniquent lorsqu’ils sont séparés de leur mère.

Lors de situations très stressantes, toutes les femelles du groupe interviendront pour organiser une défense groupée, rajoute le directeur de recherches.

En avril, par exemple, une vidéo qui est devenue virale montrait des éléphants lors d’un séisme de magnitude 5,2 au parc safari du zoo de San Diego, à Escondido en Californie. Trois des femelles plus âgées du parc se sont précipité pour former un cercle protecteur autour de deux éléphanteaux de six ans. Ce qu’il se passe dans cette vidéo est un bel exemple de la dynamique générale au sein d’un troupeau, explique Mindy Albright, qui s’occupe des mammifères du zoo.

« La stratégie de survie, c’est ça la clé, non ? » dit-elle. « Ainsi, chaque fois qu’il y a un quelconque signe de danger, tout le troupeau se rassemble et forme souvent ces cercles d’alerte, avec les petits au centre pour qu’ils soient protégés au mieux. »

Toutefois, Shifra Goldenberg explique que les instincts allomaternels des « nourrices » éléphantes ont également été observés durant le tremblement de terre ; l’un des éléphanteaux se trouvait à l’extérieur du cercle et sa nourrice le frappait doucement de sa trompe sur son dos et son visage pour l’encourager à demeurer à l’intérieur.

Selon la scientifique, la relation entre nourrice et bébé inclut beaucoup de jeux, ce qui aide les éléphanteaux à gagner en confiance pour, à terme, ne plus dépendre de leur mère. C’est un processus qui dure plusieurs années, différent pour chaque individu, même si beaucoup sont capables de se nourrir seuls à partir de quatre ans. Lorsqu’elles sont indépendantes, les femelles restent avec le troupeau dans lequel elles sont nées, tandis que les mâles se dispersent peu à peu dès leurs quatorze ans.

Les éléphants pratiquent également l’« allo-allaitement », lorsque les petits se nourrissent auprès de jeunes femelles, plus pour rechercher du confort que pour la nutrition.

« Les allomères sont souvent vues en train d’essayer de laisser les petits se nourrir même si elles ne produisent pas encore de lait », raconte Mindy Albright en parlant du troupeau du parc safari de San Diego. « On les voit s’entraîner. Elles vont même jusqu’à utiliser leur trompe pour les guider vers leur sein, un peu comme si elles essayaient de leur dire “Moi aussi, je peux te réconforter, tu peux compter sur moi pour ça”. »

L’équipe du parc safari a également observé des soirées pyjamas de dernière minute où des éléphanteaux fatigués se traînent jusqu’à leur allomère alors que leur mère est occupée à chercher de la nourriture.

« Ils vont se blottir contre elle et s’endorment ensemble, ils forment des piles géantes avec les jeunes qui prennent soin des petits et les mères peuvent passer la nuit à chercher de la nourriture », dit Mindy Albright. « Ils sont vraiment mignons. »

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