Une vie en images : Sally Ride, femme astronaute et queer dans les années 1980

À la mort de l’astronaute Sally Ride, une pionnière dans son domaine, des suites d’un cancer du pancréas en 2012, sa nécrologie comprenait une information, que toute une vie passée sous les projecteurs et les objectifs des journaux n’avait jamais révélée. L’astronaute partageait depuis vingt-sept ans sa vie avec une autre femme, Tam O’Shaughnessy.
Le fait que Sally Ride appartenait à la communauté LGBTQ+ a ajouté un intérêt public à ses exploits passés. Elle n’était désormais plus uniquement la première femme américaine à s’être rendue dans l’espace le 18 juin 1983, elle était également la première astronaute queer à l’avoir fait.
C’est une nouvelle dimension qui est venue s’ajouter à la vie de la physicienne, aussi brillante qu’intense, une membre d’équipage loyale et une fervente défenseuse de l’éducation scientifique. Et cela a également mené à se demander ce à quoi aurait pu ressembler sa vie, si elle n’avait pas vécu dans une période où l’homophobie et le sexisme étaient monnaie courante. La vie privée de Ride est dévoilée dans le film primé, SALLY, disponible en streaming sur Disney+ et qui sera diffusé sur la chaîne National Geographic le 22 juin à 21h.
La photographe Mackenzie Calle a passé des années à documenter ce que cela signifie que d’être une astronaute LGBTQ+ à travers son projet, The Gay Space Agency.
Cette série de photos nous plonge dans la vie de tous les records de Sally Ride, qui a repoussé les frontières de l’exploration spatiale, et revient sur les accomplissements qui ont fait d’elle une icône des sciences, de l’histoire des femmes et de la communauté LGBTQ+.
Sally Ride a porté cet uniforme au cours de sa première aventure dans l’espace, le 18 juin 1983, à bord de la navette spatiale de la mission STS-7. Cette mission a été accompagnée de son lot de sexisme. Après l’annonce de la NASA qu’elle serait la première femme astronaute américaine, les journaux l’ont harcelée de questions portant sur sa tenue, ses organes reproducteurs et si elle avait l’intention d’avoir des enfants. « Ce sera le premier vaisseau dont la conduite sera critiquée », avait tenté de plaisanter le comédien Bob Hope. Un trait d’esprit qui ne fut pas apprécié.
Sally Ride prit la décision de ne pas apporter de nécessaire de maquillage dans l’espace. Malgré les propositions des ingénieurs de la NASA, qui avaient offert de lui créer un kit de maquillage pouvant résister aux conditions d'un voyage dans l'espace, elle refusa l’idée. Les journalistes ont souvent commenté son visage constellé de taches de rousseur et toujours bien apprêté.
Si elle n’avait pas été astronaute, Sally Ride aurait pu devenir une joueuse de tennis professionnelle. Enfant, ses prouesses de tenniswoman lui avaient valu de décrocher une bourse qui couvrait en partie ses frais d’inscription à Westlake School, une école pour filles réputée de Los Angeles. Elle jouait au niveau national en compétition junior. Même si elle a brièvement fait une pause dans ses études à l’université pour se concentrer sur son tennis, elle trouvait qu’elle n’avait pas ce qu’il fallait pour devenir pro et est retournée sur les bancs de l’école, non plus au Swarthmore College comme avant, mais à Stanford. Ce que le tennis a perdu, la NASA l’a gagné.
Comme d’autres astronautes, Sally Ride a suivi un entraînement intensif et des visites médicales avant de mettre le pied dans une navette spatiale. La NASA dû apporter quelques modifications à son vaisseau pour accueillir Ride et les autres femmes : des sièges qui se prêtaient à des jambes plus petites et des toilettes adaptées. Malgré le vif intérêt que prêtait la presse à ces changements, Ride a tenté de garder leur attention fixée sur l’exploration spatiale et sur sa fierté d'être la première femme astronaute de sa nation.
Après deux missions dans l’espace, Ride a continué de marquer l’Histoire, cette fois depuis la terre ferme, en tant que seule personne à participer à des comités examinant les pertes des navettes Challenger et Columbia, respectivement en 1986 et en 2003. Elle a gagné la réputation d’une enquêtrice entêtée et est devenue une ardente critique de la culture du « plus vite, mieux, moins cher » qui régnait à la NASA, poussant l’agence spatiale à assurer la sûreté à bord des vaisseaux pour les missions futures.
Sally Ride est montée à bord de deux missions spatiales, mais jamais à bord de Discovery, la navette spatiale d’orbite représentée ici à l’échelle 1:100, une maquette qui lui appartenait. Cependant, Steven Hawley, avec qui elle avait été mariée, est monté trois fois à bord de Discovery. La maquette représente son amour incandescent pour le programme spatial.
Ride n’était plus la seule femme à bord de Challenger lors de sa deuxième mission, STS-41-G, en 1984. Elle fut rejointe par Kathryn D. Sullivan : c’était la première fois que deux femmes se rendaient dans l’espace en même temps. « La Sally en orbite était la même que la Sally sur Terre », se souvint Kathryn D. Sullivan lors d’une interview avec NPR en 2012. « Très, très brillante, elle visait toujours juste, était très compétitive, le tout avec un excellent sens de l’humour. »
La carrière de Sally Ride n’a pas commencé avec la NASA et elle ne s'est pas non plus arrêtée là. Elle était également CapCom, une agente de communication des capsules de la NASA, qui communiquait depuis la Terre avec les astronautes en orbite. Elle a occupé ce rôle lors de deux missions spatiales. Ride est également connue pour un document à large portée, publié en 1987, le « Ride Report », un plan stratégique qui soulignait l’importance de l’observation de la Terre depuis l’espace. Elle y incitait la NASA à explorer plus de planètes et y considérait la logistique d’avant-postes humains sur la Terre et sur Mars.
Après la NASA, Sally Ride s’est concentrée sur l’éducation scientifiques, enseignait la physique à l’université et s’est dévouée au développement de sa société, Sally Ride Science.