Bénin : l’Intelligence collective au cœur du débat électoral ?

Le Bénin se prépare à un moment historique en 2026 : pour la première fois, les élections législatives, communales et présidentielles se tiendront dans une même année électorale. Ce rendez-vous électoral suscite une attention particulière, tant au sein de la population béninoise que dans la sous-région, où chaque cycle d’alternance après deux mandats soulève toujours des interrogations.
Mais, au fond, cette question de l’alternance doit-elle être l’unique centre du débat ? Ne risquons-nous pas de nous focaliser sur un détail, au détriment des véritables enjeux ?
Dans un contexte marqué par d’importants défis de développement — énergie, innovation, emploi, éducation, transformation économique et sociale —, notre capacité de réflexion et d’analyse collective ne devrait-elle pas être mobilisée vers la construction d’une République moderne et prospère ? Plutôt que de concentrer nos débats sur les personnes, ne devrions-nous pas les orienter vers les programmes, la vision et les stratégies de changement durable ? Et si l’intelligence collective béninoise était mise au service de l’innovation sociale et économique ?
Construire plutôt que subir
Aller au-delà des aspects superficiels du changement et s’engager dans la construction profonde d’un État solide et résilient n’est pas chose aisée. Lorsqu’un tel effort repose sur un seul individu ou une minorité isolée, il peut rapidement devenir un fardeau.
Le Président Patrice Talon a récemment déclaré : « Si les partis de la mouvance se disloquent, ils perdront les élections. Si les partis de l’opposition ne se rassemblent pas, ils perdront également les élections. »
Ne pourrait-on pas y voir un appel à l’action pour repenser notre façon de faire de la politique au Bénin ? Un appel à puiser dans notre force collective, à embrasser notre culture de l’action commune ?
L’image de la jarre trouée, symbole du Bénin, illustre parfaitement cette dynamique. Plutôt que de laisser l’eau s’échapper par les fissures de nos divisions et querelles partisanes, ne devrions-nous pas travailler ensemble à colmater ces brèches, afin de préserver notre richesse collective et bâtir un avenir plus solide ?
Le Président Talon a ajouté : « Moi, je suis dans une dynamique de construction. » Et si tous les Béninois s’appropriaient cette dynamique pour en faire une véritable co-construction nationale ?
C’est la lecture que fait le facilitateur en intelligence collective Kafid TOKO de ces propos du Chef de l’État. Mais, concrètement, comment pouvons-nous renforcer cette dynamique à quelques mois des élections générales pour en faire un moment historique, apaisé et inclusif ?
2026 : une opportunité pour réinventer la politique participative
Depuis quelques années, de grands partis politiques émergent au Bénin, résultat d’un long processus de réforme de l’environnement politique et des règles électorales. Le code électoral en vigueur encourage désormais une représentation nationale des partis, favorisant une approche plus collective de la politique.
À l’horizon 2026, cette évolution offre une opportunité unique : celle de repenser la manière dont les programmes électoraux sont élaborés. Et si, pour 2026, le peuple béninois optait pour une co-construction participative des programmes électoraux ?
Si les partis politiques et les aspirants aux fonctions de représentation mobilisaient les citoyens pour concevoir collectivement des programmes politiques adaptés aux aspirations réelles des populations, celles-ci se sentiraient véritablement impliquées dans les choix à venir.
Pourquoi ne pas organiser des consultations publiques dans le cadre de la préparation des campagnes ? Cette démarche garantirait des élections apaisées et un débat politique plus intelligent, plus inclusif et plus constructif.
Un changement de paradigme pour un Bénin plus fort
L’avenir démocratique du Bénin ne repose pas uniquement sur qui prendra les rênes du pouvoir, mais sur comment nous pouvons ensemble bâtir un système politique plus robuste et plus à l’écoute des citoyens.
Les élections générales de 2026 ne doivent pas être un simple affrontement d’individus ou de partis, mais un moment d’intelligence collective où chaque Béninois, au-delà des clivages, apporte sa pierre à l’édifice national.
Mobiliser l’intelligence collective béninoise pour penser, débattre et construire ensemble des solutions durables : voilà le défi que nous devons relever.
Kafid TOKO, Facilitateur en intelligence collective