Sept lieux pour rendre hommage à l’histoire LGBTQ+ toute l'année

Les voyageurs curieux de comprendre les différentes cultures, chez eux comme en voyage, peuvent étancher leur soif de connaissances en visitant des lieux historiques et des musées. Pour en apprendre plus sur la communauté LGBTQ+ et son histoire, c’est pareil. Même en dehors du mois des Fiertés, en juin. Ces lieux sont ouverts au public tout au long de l’année et visent à collecter, préserver et partager des histoires jamais racontées de personnes LGBTQ+ et leurs contributions aux communautés, locales comme internationales.
Visiter des lieux d’intérêts LGBTQ+ lors de vos voyages peut vous aider à façonner une meilleure compréhension d’une destination et de sa communauté queer. « L’histoire LGBTQ+ a trop longtemps été orale et cachée. Les musées qui lui sont dédiés préservent la vérité, défient les idées reçues et affirment le droit fondamental d'exister », explique George Savoulis, directeur de Qtopia Sydney.
1. LE LESLIE-LOHMAN MUSEUM OF ART, NEW YORK CITY, ÉTATS-UNIS
Situé dans le quartier de SoHo, à New York, ce musée d’arts visuels collectionne, préserve et expose les travaux d’artistes LGBTQ+, dont des pièces qui analysent des thèmes, des problèmes et des personnes au sein de la communauté. Ses fondateurs, Charles Leslie et Fritz Lohman, ont créé ce concept pour le musée après avoir organisé une exposition d’artistes gays dans leur appartement de SoHo.
Aujourd’hui, la collection permanente du Leslie-Lohman Museum of Art inclut le collage de plusieurs supports artistiques de Llanor Alleyne « Another Poem (For Colin Robinson) » et les photos prises par Ann P. Meredith au cours de la fondation d’un groupe de soutien pour les femmes atteintes du SIDA en 1987. Pour les familles qui voudraient visiter ce musée avec des enfants, soyez avertis que certaines des œuvres exposées traitent de nudité.
Le musée accueille également des expositions temporaires d’artistes comme « Resisterhood » de Younk Joon Kwak, une célébration des formes du corps humain et de ses imperfections au cours de la jeunesse, de la vieillesse, de la gestation ou des transitions de genre. Visiteurs, vous pourrez profiter de programmes et d’activités ludiques offertes par le musée, comme des cours pour apprendre à dessiner les corps queer, par et pour les corps trans, ou des histoires qui mettent à l’honneur les personnes sud-américaines appartenant à la communauté LGBTQ+ et ayant contribué à son art.
2. QUEER BRITAIN, LONDRES
Dans le quartier de King’s Cross de Londres, Queer Britain est le premier musée dédié à la communauté LGBTQ+ du Royaume-Uni. En 2018, Joseph Galliano-Doig et Iain Mehrtens ont organisé des installations d’art et des expositions temporaires dans toute la ville, pour finalement devenir ce musée unique en 2022.
Queer Britain est constitué de quatre galeries qui célèbrent les personnes queers tout en servant de lieux dans lesquels les visiteurs peuvent s’immerger dans les histoires et les idées de la communauté LGBTQ+. Dans les installations et les expositions passées organisées par Queer Britain, on retrouve un drapeau des Fiertés géant, commandé par Netflix à l’occasion de la troisième saison de la série Heartstopper, un focus sur les hommes queers issus de l’immigration et une exposition de l’album de Jimmy Somerville The Age of Consent (1984).
La dernière addition au musée, « 20 Years of UK Black Pride » suit l’histoire de la UK Black Pride, la Marche des Fiertés Noires du Royaume-Uni pour les personnes de couleur du pays, depuis son premier rassemblement à Southend-on-Sea jusqu’à devenir la plus grande célébration gratuite du mois des Fiertés pour les personnes noires et de couleur. L’exposition peut être visitée jusqu’au 31 août 2025.
3. QTOPIA SYDNEY, AUSTRALIE
En 2024, Qtopia Sydney a ouvert ses portes au public et est devenu le plus grand musée LGBTQ+ du monde. Il est né de la vision du défunt professeur David Cooper, qui espérait créer un espace pour honorer les personnes australiennes affectées par la crise du VIH/SIDA. David Cooper partageait ce rêve avec David Polson, l’un des premiers hommes à avoir été diagnostiqués du VIH/SIDA en Australie. Il a fondé Qtopia Sydney, faisant du rêve de David Cooper une réalité.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le musée se trouve dans l’ancien commissariat de police de Darlinghurst, à Sydney, où de nombreux activistes gays ont été détenus après la première manifestation queer de la ville en 1978. La communauté LGBTQ+ s’est réapproprié ce bâtiment à l’histoire tragique, et a transformé ses cellules en lieu d’exposition. « Ce bâtiment est un acte profond de justice spatiale, transformer un site d’oppression et d’abus en un lieu de célébration et d’éducation », déclare Savoulis. La première cellule de l’ancien commissariat de police se concentre sur la brutalité policière, intimement liée à la communauté LGBTQ+.
Lorsque les visiteurs pénètrent dans le musée, ils sont confrontés à une exposition provocante, poussant à la réflexion, et révélatrice, sur l’épidémie de VIH/SIDA entre 1981 et la fin des années 1990. Dans les anciennes expositions temporaires, on retrouve un hommage à la drag-queen adorée des foules, Joyce Maynge, des médias queers comme Lesbian on the Loose, et « Bedazzled », une exposition créative de costumes portés à l’occasion de Mardi Gras, la célébration annuelle de la Marche des fiertés de Sydney.
4. STONEWALL NATIONAL MUSEUM, ARCHIVES, AND LIBRARY, FORT LAUDERDALE, FLORIDE, ÉTATS-UNIS
Le Stonewall National Museum, Archives, and Library (SNMAL) est situé près du parc Holiday de Fort Lauderdale et est un lieu de préservation de l’histoire LGBTQ+ depuis plus de cinquante ans. Mark N. Silber est le fondateur du SNMAL, qui affirme avoir la plus grande collection d’art LGBTQ+ du monde. Il a commencé sa collection dans la maison de ses parents, en 1973, et, aujourd’hui, le SNMAL varie fréquemment ses expositions. Il y en a tout de même des permanentes qui valent le détour, dont une qui retrace quarante ans d’histoire LGBTQ+ du comté de Broward, où se tient le musée.
« Les expositions représentent la voix du peuple, les époques et, dans une plus large mesure, la société, et peignent une image complète de l’histoire et de la culture », déclare Robert Kesten, président et P.D.-G. du SNMAL.
Le SNMAL a accueilli et accueillera des expositions et des événements comme une reconstitution des émeutes de Stonewall, « 55 Years of Pride » et « Queer Baseball », une dédicace du comédien Bruce Vilanch, des soirées de projections gratuites de films queer, dont des grands noms tels que All About Eve, Moonlight et Death Becomes Her.
5. SCHWULES MUSEUM, BERLIN, ALLEMAGNE
En 1984, Andreas Sternweiler, Wolfgang Theis et Manfred Baumgardt étaient des étudiants qui travaillaient comme gardiens à l’ancien musée de Berlin. Ils ont poussé le directeur du musée à organiser une exposition sur la communauté LGBTQ+ de Berlin. Au cours de l’été 1984, l’exposition « Eldorado, l’histoire, le quotidien et la culture des hommes et des femmes homosexuels de 1850 à 1950 » a ouvert et a accueilli plus de 40 000 visiteurs. Le succès et la popularité d’« Eldorado » a fait naître l’idée d’une résidence permanente pour cette exposition qui trouvera finalement refuge dans ce qui est aujourd’hui connu comme le Schwules Museum.
Il se trouve dans le quartier du Tiergarten de Berlin depuis 2013. Son but demeure de préserver la culture queer européenne en rapportant en détail l’histoire LGBTQ+ en Allemagne et dans les autres nations européennes. Ses archives sont peines de journaux des années 1990 et de plus de 25 000 livres sur l’homosexualité, les problèmes queer-féministes, sur les identités transgenres et intersexes. Entre autres livres, on y retrouve Before We Were Trans: A New History of Gender de Kit Heyam et Queer Lives Across the Wall: Desire and Danger in Divided Berlin, 1945–1970 d’Andrea Rottmann.
Après avoir parcouru la bibliothèque, visitez l’espace d’exposition principal qui expose des galeries de photos, de vidéos, de cartes postales, de lettres et de vêtements de la communauté LGBTQ+. Le musée a également accueilli des expositions sur le dandy et Charlotte von Mahlsdorf, une figure gay de l’Allemagne de l’Est.
6. GERBER/HART LGBTQ+ LIBRARY AND ARCHIVES, CHICAGO, ÉTATS-UNIS
À Rogers Park, Gerber/Hart LGBTQ+ Library and Archives est la plus grande bibliothèque LGBTQ+ de la région du Midwest aux États-Unis. Fondée en 1981 elle accueille près de 15 000 objets se concentrant sur la communauté et les organisations LGBTQ+ à Chicago et dans le Midwest américain. On retrouve exposés des albums photos de Miss Tillie, une performeuses drag qui a commencé à se produire dans les années 1940 avant de se rendre à Chicago dans les années 1960. Certains des 800 journaux que contiennent les archives incluent des numéros vintages de Thing, un magazine de Chicago en circulation de 1989 à 1993 qui traitait de la communauté locale noire et LGBTQ+.
Les visiteurs peuvent également explorer des galeries d’art qui plongent dans la scène drag de Chicago, exposent des souvenirs de la Marche des fiertés, montrent des livres bannis pour leur contenu LGBTQ+ et explorent des zones telles qui le féminisme lesbien des années 1970 et 1980, l’activisme bisexuel et les lesbiennes dans le monde du sport. Tout au long de l’année, la bibliothèque organise une floppée d’événements queer, comme la Queer Stitch Night animée par l’artiste des tissus Isabel Sperry ou le Queer Zine Club, un rassemblement informel de personnes LGBTQ+ qui s’interrogent sur la culture queer et la fabrication de magazine DIY.
7. GLBT HISTORICAL SOCIETY, SAN FRANCISCO, ÉTATS-UNIS
La GLBT Historical Society, dans le très connu quartier de Castro à San Francisco, est considéré comme le premier musée indépendant à présenter des expositions sur l’histoire LGBTQ+ et sa culture aux États-Unis. Le musée retrace l’histoire de l’activisme queer et de mouvements culturels dans la baie de San Francisco en se concentrant sur la diversité et la justice sociale. L’exposition « Queer Past Becomes Present » de la galerie principale rassemble des objets personnels appartenant à Harvey Milk, activiste gay et premier maire ouvertement homosexuel de San Francisco.
Le musée abrite également un large éventail de matériel historique LGBTQ+, tels que les traces écrites de la Coalition contre le SIDA de l’Asie et du Pacifique, la collection de rapports de Meg Barnett de l’association Lesbiennes contre la violence policière : les calendriers, flyers et notes prises lors d’assemblées générales et de réunion de l’organisation. Y sont également exposés des journaux et extraits de magazines. Les archives de la GLBT Historical Society tiennent leur nom du Dr John P. DeCecco, professeur en psychologie, auteur, et pionnier des études sur la sexualité. Une réservation est nécessaire pour visiter les archives.