Au Soudan, la région des monts Nouba frappée par une attaque de drones inédite
Dimanche 30 novembre 2025, une attaque meurtrière dans les monts Nouba, au sud du Soudan, a ravivé les inquiétudes autour de l’escalade du conflit et du sort des populations civiles. Selon les informations rapportées par The Telegraph, un bombardement par drone, mené par les Forces armées soudanaises (SAF), a tué dimanche des dizaines de personnes, principalement des enfants et des étudiants, dans ce qui semble être une frappe « double-tap ».
Une frappe vise une zone civile au Soudan
L’attaque s’est déroulée à Kumo, un village situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Kauda. D’après les informations du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), qui contrôle la région, au moins 48 civils ont été tués, dont beaucoup d’élèves du Hakima Health College. Huit autres personnes seraient grièvement blessées.
Le SPLM-N, engagé dans un conflit prolongé contre les autorités soudanaises depuis 1983, a affirmé que le lieu visé n’avait aucune valeur militaire et ne constituait pas une zone de combats. Dans une déclaration citée par The Telegraph, le mouvement a souligné que cette attaque s’inscrivait dans une continuité d’actes violents subis depuis des années par les communautés des monts Nouba et d’autres régions marginalisées. L’armée soudanaise est explicitement mise en cause par le groupe. Des sources indépendantes interrogées par The Telegraph ont confirmé qu’une seconde frappe avait touché le site quelques minutes après la première, frappant les civils venus porter assistance.
Des images provenant prétendument du lieu de l’attaque montrent d’importantes destructions et des corps calcinés ou écrasés, bien que The Telegraph précise ne pas avoir pu en vérifier l’authenticité.
Une menace croissante liée aux drones
Les organisations humanitaires présentes dans la région ont exprimé de vives inquiétudes.
Anthony Jamal, coordinateur sécurité alimentaire pour la Sudan Relief and Rehabilitation Agency, a qualifié cette attaque de pire massacre de civils qu’il ait observé dans les monts Nouba, soulignant la responsabilité des forces armées soudanaises.
Johannes Plate, directeur du South Kordofan Blue Nile Coordination Unit (SKBNCU), a souligné la précision du bombardement, laissant penser que les auteurs connaissaient la concentration de civils sur place. Il a rappelé que les habitants avaient appris à se protéger des bombardements réguliers des avions de l’armée soudanaise, sur des hôpitaux et infrastructures civiles, notamment lors de la guerre de 2011, mais que les drones représentaient désormais un « danger nouveau » en raison de leur faible signature sonore.
Les Forces armées soudanaises (SAF) n’ont pas commenté l’incident, tandis que des médias locaux cités par The Telegraph évoquent des opérations récentes visant des sites du SPLM-N.
Un conflit qui redessine la carte du Soudan
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre opposant le général Abdel Fattah al-Burhan à son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Le conflit a déplacé 14 millions de personnes.
L’ancien envoyé spécial américain Tom Perriello estime que les décès pourraient atteindre 400 000. Une famine a été confirmée le mois dernier à Kadugli, capitale du Sud-Kordofan, assiégée par les SAF et privée d’approvisionnements essentiels.
Parallèlement, les affrontements se sont intensifiés entre les SAF et le SPLM-N. Selon le réseau Ayin, média soudanais indépendant, les États du Kordofan abritent les principaux champs pétroliers du pays et constituent une zone tampon stratégique entre le Darfour et l’est du Soudan. Ayin indique que l’armée cherche à consolider son contrôle sur cette région pétrolière et à s’en servir comme voie d’accès vers le Darfour.