Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : 5 candidats validés, qui a ses chances ?

Sep 9, 2025 - 18:10
Sep 9, 2025 - 18:47
Présidentielle 2025  en Côte d’Ivoire : 5 candidats validés, qui a ses chances ?

Les candidats retenus pour la présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire sont connus depuis lundi 08 septembre 2025. Sur 60 dossiers reçus, le Conseil constitutionnel n’en a validé que cinq. Cette décision est sans recours, impossible donc pour les recalés de revenir dans la course. Que valent réellement les cinq candidats sélectionnés ? Qui parmi eux peut facilement tirer son épingle du jeu ? Qui peut créer la surprise ?

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : qui des 5 candidats peut tirer son épingle du jeu ?

Président sortant et en quête d’un quatrième mandat après 15 années passées au pouvoir, Alassane Ouattara connaît désormais ses adversaires. Le 25 octobre prochain, le président du RHDP, qui est sans doute le favori de cette compétition électorale, va affronter quatre autres candidats. « La nouvelle que nous attendions tous est là. Candidature validée ! La confiance est renouvelée, notre détermination est plus forte que jamais. L’aventure continue pour une Côte d’Ivoire toujours plus forte », a réagi le RHDP après la décision du Conseil constitutionnel.

Pas besoin d’être un génie pour le voir. Après l’exclusion de Tidjane Thiam et de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara reste le maître du jeu. Certains observateurs accusent même le président d’avoir choisi ses adversaires pour multiplier ses chances.

Loin de minimiser ou de réduire à zéro les chances de Jean-Louis Billon, d’Ahoua Don Mello, de Simone Ehivet Gbagbo et d’Henriette Lagou, il est évident qu’Alassane Ouattara est le mieux coté. Économiste de formation, ancien Premier ministre et président de la République de Côte d’Ivoire depuis 15 ans, il est clair que son CV est très lourd.

Avec un bilan qualifié d’inattaquable par ses partisans, l’éternel adversaire de Laurent Gbagbo a bien de quoi convaincre les électeurs. Pour justifier sa candidature, il met en avant son expérience dans la gestion de la crise économique et de la crise sécuritaire. Le message porté par cet argumentaire est clair : le président Ouattara tente de dire qu’il est le seul qui peut relever ces défis. Mais le bilan n’est pas si rose. Le RHDP ne doit pas dormir sur ses lauriers. Si l’opposition s’organise correctement, elle peut renverser la tendance.

Simone Gbagbo, en tête des outsiders

Après Alassane Ouattara, Simone Ehivet Gbagbo peut se positionner à la deuxième place sur la liste des cinq. Elle connaît bien les méandres du pouvoir. Ancienne syndicaliste et opposante, elle a été dans l’ombre de Laurent Gbagbo avec la création du FPI et une montée en puissance en tant que première dame. Soutien franc de Laurent Gbagbo, elle était aux côtés de son époux pendant la dernière bataille.

La brutale chute de 2010 a contribué à forger le parcours politique d’une première dame pas comme les autres, surnommée « dame de fer ». Arrêtée en compagnie de Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo a écopé de 20 ans de prison. Après sept ans de détention, elle a été graciée par une mesure prise par Alassane Ouattara.

Pour signer son retour sur la scène politique, désormais sans Laurent Gbagbo, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire crée le Mouvement des générations capables (MGC), qui l’a d’ailleurs investie pour la présidentielle d’octobre 2025. Avant l’étape de dépôt des dossiers de candidature, elle a multiplié les initiatives pour unifier l’opposition. Pour un temps, elle a pu réunir autour d’elle le PDCI-RDA et le FPI avant la mort rapide du CAP CI.

À 76 ans, la présidente du MGC se dit prête à prendre la tête de la Côte d’Ivoire. À l’annonce de la validation de sa candidature, elle et son entourage ont célébré une première victoire. « Quand on a franchi l’étape de la validation de la candidature, on dit ‘gloire à Dieu’. Il faut maintenant s’armer pour aller de l’avant », a-t-elle déclaré.

C’est un grand défi, mais nous sommes déterminés à aller partout, à rencontrer les électeurs et à préparer le jour du vote. Simone Ehivet Gbagbo

L’opposante n’a pas manqué de saluer le « bon travail » effectué par le Conseil constitutionnel.

Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello, des plans B manqués ?

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) et le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) vont-ils changer de stratégie pour porter les candidatures de ces deux profils indépendants ? Respectivement membres influents du PDCI et du PPA-CI, Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello ont été contraints de prendre des distances vis-à-vis de leurs partis pour aller au bout de leurs ambitions.

Après la validation de leurs candidatures, ils devront faire face au grand défi du ralliement au sein de leurs partis. Traités comme des « rebelles » et des « traîtres », ces deux personnalités non moins importantes de la scène politique ivoirienne se présentent sans la bénédiction officielle de leurs partis respectifs. Il est évident que la bataille sera plus simple s’ils arrivaient à reconquérir la confiance des responsables de leurs partis. Un Don Mello officiellement soutenu par le PPA-CI peut créer la surprise. Jean-Louis Billon, dans les bonnes grâces du PDCI, peut valablement mettre en difficulté Alassane Ouattara.

Henriette Lagou, un profil à ne pas sous-estimer

Porte-étendard du Groupement des Partenaires Politiques pour la Paix (GP-PAIX), elle est à son deuxième essai. Présentée comme une voix alternative entre opposition radicale et la mouvance présidentielle, Henriette Lagou a déjà tenté l’aventure en 2015 en se déclarant candidate à l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire. À l’issue de cette élection, 27 759 voix (0,89%) ont été comptabilisées pour son compte. Sur le papier et au vu des parcours politiques, elle pèse moins que tous les autres, mais la politique reste une matière insaisissable. Elle pourrait aussi créer la surprise.