Guinée – Crédit Rural : Amara Kourouma honoré pour sa contribution à l’inclusion financière
Dans un pays où la bancarisation demeure l’une des plus faibles du continent, Amara Kourouma a fait du Crédit Rural de Guinée (CRG) un véritable laboratoire d’inclusion financière. Le 17 octobre dernier, c’est au Forum National des Acteurs Publics (FONAP), organisé à Conakry, qu’il a été honoré parmi les 100 personnalités qui font bouger la Guinée, une distinction qui salue autant un dirigeant qu’un modèle de gouvernance au service des populations rurales.
Amara Kourouma, un acteur majeur de la microfinance rurale
« Ce prix appartient à tout le personnel du Crédit Rural. Car si le Crédit Rural est aujourd’hui la meilleure institution de microfinance en Guinée, c’est grâce à l’engagement de femmes et d’hommes présents au fin fond du pays », a réagi le Directeur général lors de la remise du satisfecit, au siège de l’institution à Conakry, dans un ton sobre mais empreint de reconnaissance collective.
Créé en 1989 avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD) et transformé en société anonyme en 2001, le Crédit Rural de Guinée demeure aujourd’hui l’un des piliers de la finance inclusive dans le pays.
Présent dans les 33 préfectures guinéennes, avec plus de 1 000 points de service et plus d’un million d’adhérents, le CRG irrigue des territoires où les banques classiques n’ont jamais osé s’aventurer.
Sous la houlette d’Amara Kourouma, l’institution a connu une modernisation accélérée, portée par la digitalisation des services et la diversification des produits. En moins de cinq ans, le CRG a lancé Crédit Mobile, Crédit Money et E-Crédit, trois solutions numériques qui permettent aux clients d’épargner, d’effectuer des transferts ou de solliciter un prêt à distance.
Ce virage technologique, encore rare dans le paysage de la microfinance guinéenne, illustre la volonté du dirigeant de conjuguer innovation et proximité, dans un contexte où la pénétration du mobile money connaît une expansion rapide.
Leadership et vision
Ingénieur de formation, Amara Kourouma incarne un style de management à la fois rigoureux et inclusif, selon un proche collaborateur. Depuis sa prise de fonction, il a imposé une culture du résultat fondée sur la responsabilisation des équipes régionales et l’efficacité opérationnelle. Mais l’homme n’oublie jamais la mission sociale de l’institution : donner accès au crédit à ceux qui en sont exclus, dans les zones rurales, agricoles ou périurbaines.
« Le plus difficile n’est pas d’être premier, mais de le rester. Nous devons continuer à perfectionner nos méthodes et nos outils pour mieux servir les populations guinéennes », a-t-il déclaré, conscient des défis que représentent la concurrence des fintechs et la fragilité économique des ménages.
Cette posture lui a valu d’être salué au-delà des frontières. En 2024, le CRG a été désigné Meilleure institution de microfinance de l’année lors du Forum Économique d’Émergence Magazine (FEEM). Une distinction qui s’ajoute à celle du European Microfinance Award 2015, déjà remportée pour la résilience du CRG pendant la crise Ébola.
Un symbole d’équilibre entre impact social et performance
Dans un pays où la finance reste souvent perçue comme un instrument d’exclusion, Amara Kourouma défend une vision inverse : celle d’une microfinance citoyenne, soutenue par la technologie mais fidèle à ses racines rurales.
Sous sa direction, le Crédit Rural de Guinée a démontré qu’il est possible d’être à la fois solide financièrement, innovant technologiquement et utile socialement.
Discret dans les médias mais respecté dans les cercles économiques du pays, il appartient à cette génération de dirigeants africains qui transforment les institutions sans fracas, par la méthode et la constance.
Sa distinction au FONAP 2025 apparaît dès lors comme une reconnaissance naturelle : celle d’un bâtisseur silencieux, dont la vision contribue à redéfinir la finance inclusive en Afrique de l’Ouest.