Nadège Chouat lance un défi au général Tiani

Juillet 15, 2025 - 14:20
Nadège Chouat lance un défi au général Tiani
Nadège Chouat lance un défi au général Tiani

Bases militaires françaises au Bénin ? La France pille-t-elle les pays africains ? Nadège Chouat, ambassadrice de France au Bénin, a répondu sans ambages à ces questions dans un entretien en marge de la fête du 14 juillet. La diplomate explique la nouvelle posture de Paris face aux discours anti-français.

Selon Nadège Chouat, la France est victime de fake news sur ses rapports avec l’Afrique

Le sujet fâche depuis plusieurs mois, mais Paris ne change pas de ligne de défense. Le Bénin abrite-t-il des bases militaires françaises ? « Le Bénin n’a jamais eu de bases et n’en aura pas« , a répondu l’ambassadrice avec certitude. Qu’en est-il alors des allégations que le général Abdourahamane Tiani distille à chaque sortie ? Pour Nadège Chouat, il s’agit purement et simplement d’une série de fake news pour renforcer le narratif anti-français.

Moi, j’invite le général Tiani à venir me montrer ces bases. Je suis la première à vouloir savoir où elles sont.Nadège Chouat, ambassadrice

Elle reconnaît par ailleurs que la France et le Bénin ont une coopération sur le plan sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Mais cette coopération a des limites et n’a jamais impliqué l’installation d’une base militaire française sur le territoire béninois. Selon ses dires, cette coopération militaire est axée sur la livraison d’équipement, la formation du personnel militaire et les renseignements.

A lire aussi : Niger : Abdourahamane Tchiani réclame des dettes héritées à la France

La diplomate a rappelé que la France a changé de paradigme dans la gestion de ses coopérations militaires en Afrique. « On avait des bases militaires au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Tchad. Depuis février 2023, le président Emmanuel Macron a pris la décision de rétrocéder ses bases aux pays dans lesquels on était invité. Nous étions présents à la demande des pays« , a-t-elle indiqué au micro de Bip Radio. Comment s’installer au Bénin tandis qu’il y a une tendance de retrait en cours ? Pour Nadège Chouat, cela est une absurdité.

Quid des accusations de pillage ?

En Afrique, l’idée selon laquelle la France pille les pays est très répandue. C’est d’ailleurs l’un des arguments phares qui soutiennent le narratif anti-français et les discours des activistes qui dénoncent la « Françafrique ». « J’invite quiconque à m’amener sur un lieu au Bénin où la France ou des entreprises françaises pilleraient des biens. Ce n’est plus du tout une vérité. Après, ce sont des fausses informations qui circulent de manière virale. Je le dis, je l’affirme et je le confirme. », a indiqué l’ambassadrice.

Et justement, face aux fake news, Paris prend ses dispositions. Elle révèle qu’il y a un travail de veille informationnelle qui est fait sur les réseaux sociaux. L’objectif est de contrer les fausses informations et de rétablir la vérité des faits. La France ne veut plus rien cacher. Elle s’inscrit dans une démarche pédagogique pour expliquer les faits liés à l’histoire entre la France et les pays africains qu’elle qualifie de « complexe ».

A lire aussi : Emmanuel Macron : « La France ne recule pas en Afrique, elle se réorganise »

Pour Nadège Chouat l’histoire entre la France et les pays africains se doit d’être « appréhendée à froid », en toute impartialité et avec objectivité, sans déformer les faits. « Je suis arrivée, il y a une année. J’essaie d’aller sur le terrain le plus possible, d’ouvrir les portes de l’ambassade et de répondre à toutes les questions, y compris les questions qui peuvent fâcher », a-t-elle confié.

Coup d’Etat en Afrique, la France fait-elle du deux poids, deux mesures ?

Ces dernières années, la position de la France face à la série de coups d’Etat observés en Afrique fait polémique. Elle est accusée d’avoir favorisé certaines juntes pendant qu’elle dénonçait d’autres. Plus précisément, il est reproché au président Emmanuel Macron d’avoir gardé le silence sur les derniers coups d’Etat. « On a reproché au président Macron d’avoir trop parlé sur ce qui s’était passé au Mali, au Burkina Faso et au Niger. On disait que le président de la République parle trop. Maintenant, on est en retrait et c’est un retrait assumé et volontaire. Nous ne sommes pas le gendarme du monde », a déclaré l’ambassadrice Nadège Chouat.