Cameroun : isolé, Tchiroma poursuit sa stratégie de « présidence parallèle »
Au Cameroun, l’opposant Issa Tchiroma ne faiblit pas dans la revendication de sa victoire à l’élection présidentielle. Alors que Paul Biya a déjà prêté serment et la vie semble avoir repris son cours normal dans le pays, Tchiroma décide de prendre des décrets de nomination pour former son équipe.
Cameroun : autoproclamé président, Issa Tchiroma fait des nominations
Le Cameroun a-t-il désormais deux présidents ? L’élection présidentielle tenue en octobre dernier a consacré le 8ᵉ mandat de Paul Biya selon les résultats officiels, mais son principal challenger s’y oppose catégoriquement. Issa Tchiroma crie à la fraude et revendique une victoire dès le premier tour. Après les appels à manifester, l’opposant s’est exilé au Nigeria d’où il continue de mener des actions contre le régime de Yaoundé.
Issa Tchiroma prend désormais des actes officiels et utilise des insignes officiels de l’État. Pour preuve, il a pris un « décret de nomination » qui place Maître Alice Nkom dans le rôle de « Porte-parole officiel de la Présidence élue de la République ». Sur ce fameux décret signé par Issa Tchiroma Bakary, il est indiqué que dame Alice Nkom a pour mission de coordonner la communication de la Présidence élue, de s’exprimer en son nom et de représenter ses positions auprès des représentations diplomatiques et auprès des médias.
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Selon plusieurs observateurs, Tchiroma s’engage sur la voie de la résistance et tente de s’imposer par une représentation non officielle. « Cette nomination, c’est le début d’une stratégie déjà vue ailleurs. Il finira par nommer un gouvernement et gouverner le Cameroun depuis l’étranger, sur les réseaux sociaux et à travers des communiqués ; mais Paul Biya va demeurer le seul président officiellement reconnu », a confié un analyste politique.
L’ancien collaborateur de Paul Biya, devenu son farouche opposant, adopte la même ligne que le Gabonais Jean Ping qui, pendant des années, s’est autoproclamé président du Gabon à chaque élection. C’est une stratégie bien connue qui a pour but de tenter de légitimer par la communication. Pour le moment, Issa Tchiroma est visiblement le seul opposant dans cette manœuvre. Il n’a enregistré aucun soutien public d’autres opposants.
Le gouvernement de Paul Biya n’a jusque-là pas servi une réplique au radicalisme de l’opposant. Face à ses actes, les autorités ont plutôt opté pour une sensibilisation à la paix.
