Bénin : Hounga, Djivo… les déclarations qui en disent long sur l’état de décrépitude des Démocrates
                                
Le principal parti d’opposition béninois, Les Démocrates (LD), traverse une crise sans précédent. Entre démissions en série, désaveux publics et règlements de comptes télévisés, le parti fondé par Boni Yayi ne parvient plus à masquer ses fractures internes. Les sorties récentes du député Midofi Antonin Hounga et de l’ancien parlementaire Patrick Djivo ont achevé de confirmer ce que beaucoup pressentaient déjà : Les Démocrates sont au bord de l’implosion.
Antonin Hounga : “Le parti a fait un mauvais choix”
La phrase a fait le tour des réseaux sociaux et des plateaux de télévision. Sur Eden TV, le député Midofi Antonin Hounga, élu sous la bannière des Démocrates, a brisé l’omerta en reconnaissant la responsabilité de son parti dans son propre échec.
“C’est vrai, il faut le reconnaître, le parti a fait un mauvais choix… Par rapport à Renaud Agbodjo, il faut le dire en toute honnêteté, nous avions fait un mauvais choix… On ne choisit pas un général pour aller au combat et, au premier coup de fusil, le général détale.”
Ce constat sans détour vise directement Renaud Agbodjo, candidat du parti invalidé par la CENA pour insuffisance de parrainages. Mais derrière cette critique, c’est toute la stratégie de la direction dominée par Boni Yayi qui est remise en cause.
La sortie de Hounga, rare dans un contexte partisan verrouillé, illustre une perte de confiance généralisée. Même au sein du groupe parlementaire, les voix discordantes se multiplient. Depuis la fin octobre, six députés ont quitté le parti en dénonçant une gouvernance interne “fondée sur la méfiance, l’exclusion et la paranoïa destructrice”.
Patrick Djivo : “Un auto-sabotage organisé”
Quelques jours plus tard, un autre cadre historique du parti a pris la parole. Sur la chaîne E-Télé, l’ancien député Patrick Djivo, ex-secrétaire national aux affaires électorales, a annoncé sa démission dans des termes sans ambiguïté “un système d’exclusion” et “un auto-sabotage organisé”. Djivo évoque également la montée des tensions régionales et les luttes de clans : “Certains responsables ont formé des lobbys fermés qui favorisent les cadres du Nord au détriment des autres.”
Ces accusations confirment ce que d’autres élus laissent entendre en privé : la ligne du parti serait désormais captée par un cercle restreint qui étoufferait toute dynamique collective et réprimerait toute voix dissonante.
Des départs en cascade
Le départ de Djivo intervient après une vague de défections sans précédent. Le 31 octobre, six députés – Michel Sodjinou, Joël Godonou, Chantal Adjovi, Léansou Do Régo, Denise Hounmènou et Constant Nahum – ont quitté le groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Ils dénoncent une “gouvernance interne dysfonctionnelle”. Dans plusieurs communes du Mono et du Couffo, les coordonnateurs locaux et des candidats aux législatives ont à leur tour démissionné, souvent par solidarité ou lassitude.
Même la base militante exprime sa désillusion : les réseaux sociaux regorgent de messages de soutien à Hounga et Djivo, salués comme les rares voix “honnêtes” dans un parti perçu comme coupé du terrain.
Un parti d’opposition sans cohésion
Les Démocrates, qui avaient promis d’incarner le renouveau de la vie politique béninoise, peinent désormais à conserver leur cohésion. Leur élimination de la présidentielle a révélé les failles d’un appareil politique mal préparé et miné par les rivalités internes.
Pour de nombreux observateurs, le mal est désormais structurel : manque de discipline, absence de consultation, personnalisation du pouvoir. L’ancien président Boni Yayi, malgré ses appels à la “mobilisation”, apparaît de plus en plus isolé.
De l’opposition à la désillusion
La succession des démissions, les accusations croisées et les aveux publics de ses propres élus laissent un constat implacable : le principal parti d’opposition du Bénin n’est plus en état de proposer une alternative crédible. Les mots de Hounga et Djivo, deux figures issues du sérail, résument cette déchéance, chute que Les Démocrates auront eux-même provoquée.