Découvrez New York à travers 100 ans de photographies

Août 19, 2025 - 17:20
Découvrez New York à travers 100 ans de photographies

Lors de l’été 1957, une réplique du navire Mayflower a pénétré dans le port de New York. Baptisé le Mayflower II, le bateau venait de finir de retracer le voyage des pèlerins de 1620 à travers l’Atlantique pour établir une colonie en Amérique. La ville de New York a célébré son arrivée en grande pompe.

En novembre de la même année, National Geographic a publié un article écrit par le capitaine du navire à propos du voyage du Mayflower II, riche en photos de son périple transatlantique et de son arrivée triomphale à New York. La ville ne faisait d’ailleurs pas partie des arrêts du navire original sur sa route vers Plymouth, dans le Massachusetts.

Alors que la ville célèbre désormais le 400e anniversaire de sa fondation par les Néerlandais qui l'ont baptisée Nouvelle Amsterdam, National Geographic revient sur la couverture médiatique de son histoire au cours du dernier siècle.

Un article du magazine mettait en valeur son pouvoir d’attraction. « Elle est plus irlandaise que Dublin, elle est plus italienne que Rome », écrivait l’auteur. « Mais l’attrait de New York repose tout autant sur le peuple des États-Unis que sur ceux du monde entier. […] New York est le Niagara de la vie américaine […], c’est par cette ville que passe la rivière de l’humanité qui cherche la mer d’opportunités du monde au-delà. »

National Geographic a souvent montré à ses lecteurs des parties du monde qu’ils ne pourraient jamais visiter, et dans les premiers jours du magazine, cela concernait non seulement les coins reculés du monde, mais aussi la métropole animée de New York. « La plupart des personnes n’avaient pas l’opportunité de beaucoup voyager ou de se rendre dans des destinations éloignées », explique Cathy Hunter, archiviste senior au sein de la National Geographic Society. En un sens, continue-t-elle, le magazine a « fait le travail sur le terrain et vous a montré les sites les plus connus ».

Parmi les premiers articles du magazine, beaucoup étaient centrés sur l’architecture, les populations et la culture, des éléments qui ont enrichi l’expérience de voyage.

« Rendez-vous sur n’importe quel toit-terrasse d’hôtel après le coucher du soleil et observez la ville prendre vie », écrivait l’auteur de l’article de 1930 intitulé La géante qu’est New York. « Lunes, arcs-en-ciel et comètes électriques étincellent Manhattan qui jaillit du crépuscule en une sublime illumination théâtrale. »

Au fil du temps, la ligne éditoriale a changé, alors que le magazine commençait à aborder des angles plus recherchés : les problèmes environnementaux comme la pollution de l’eau et les décharges sauvages et, plus tard, comment les attaques terroristes du 11 septembre et la pandémie de Covid-19 ont changé le visage de la ville.

Cependant, l’une des constantes de la couverture médiatique de National Geographic durant le siècle écoulé a été le changement. Dans un article paru en 2015 intitulé New New York, Pete Hamill revenait sur les quatre-vingts ans qu’il a passés à vivre dans la ville et écrivait sur la transformation qu’a subie son horizon.

« Nous les New-yorkais, nous vivons dans une ville dynamique, écrivait-il, qui ne cesse de changer, d’évoluer, de construire. »

 

« LA MÉTROPOLE DE L’HUMANITÉ »

En 1918, National Geographic publie son premier article majeur sur New York dans son numéro de juillet. Intitulé « New York : la métropole de l’humanité », il offrait aux lecteurs une large perspective sur la ville alors qu’elle faisait ses premiers pas sur la scène mondiale dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale.

« Une ville que la Grande Guerre a fait devenir le centre international d’échanges commerciaux et le joyau des métropoles de l’humanité », proclamait l’article, « Gotham attire désormais un nouvel intérêt, attise une nouvelle fierté dans ses accomplissements, excite ce sentiment d’émerveillement et enflamme les cœurs américains d’une réalisation qu’elle est une ville de tous les peuples. »

Cet article, « La métropole de l’humanité », est arrivé à un moment où National Geographic était reconnu pour la qualité de ses photographies qui faisaient voyager ceux qui ne pouvaient quitter leur canapé, explique Cathy Hunter. Les lecteurs pouvaient contempler, bouche bée, l’ampleur de la foule devant la bourse de New York, s’émerveiller face à la longueur des embouteillages de voitures (et d’au moins un cheval) sur la 42e rue et dans toute sa grandeur le Woolworth Building, qui était le plus haut bâtiment du monde, avec ses 242 mètres.

Et les bâtiments étaient de plus en plus hauts, tutoyant le ciel. L'article paru en 1930, Cette géante qu’est New York, montrait aux lecteurs le Chrysler Building, haut de 319 mètres, qui avait ouvert ses portes plus tôt dans l’année. Il proposait également un aperçu de la construction en cours de l’Empire State Building, qui promettait d’être encore plus haut.

 

« MANHATTAN TOURISTIQUE »

La popularité de National Geographic grandissait, le magazine continuait de servir d’inspiration, mais il a également commencé à aider les touristes à circuler dans la ville qui ne dort jamais.

Lorsque New York accueillit sa première Exposition universelle en avril 1939, le numéro du magazine du même mois parut avec une carte en supplément, L’ampleur de New York. Lors de la suivante, en 1964, National Geographic envoya à ses abonnés une carte en deux parties du « Grand New York » et du « Manhattan touristique ».

Le magazine commençait à explorer les quartiers de New York à cette époque, au delà de Manatthan. En 1959, un article parut sur le ferry qui menait à Staten Island, surnommé le bus aquatique de New York, et soulignant son rôle essentiel pour les habitants de banlieue. En 1977, National Geographic publia un article sur Harlem, écrit par Frank Hercules, un écrivain originaire de Trinité-et-Tobago qui avait emménagé dans le quartier dans les années 1940. « Vivre à Harlem, écrivait-il, c’est parfois entendre le bruit des sirènes du succès, souvent être renié par le paradis et dédaigné par l’enfer, mais toujours ressentir l’espoir à chaque réveil, peu importe le désespoir de la veille. »

En 1960 et en 1993, le magazine publia des articles sur Central Park, qui contredisaient la réputation que traînait ce parc que l’on ne présentait plus que comme un havre du crime. Une légende urbaine qui décourageait souvent les touristes de visiter ce grand espace vert. L’article de 1993 blâmait les médias dans cette perpétuation du mythe et décrivait plutôt Central Park comme étant une « oasis en plein cœur de la ville ».

 

UNE COUVERTURE MODERNE

Au début des années 1970, une autre tendance a fait son apparition : au centre d’un mouvement environnementaliste naissant, le magazine National Geographic a publié plus d’articles sur des sujets pour lesquels on le connaît aujourd’hui. Cathy Hunter explique que cela témoignait d’une évolution de la ligne éditoriale

« Dans ses premiers jours, le magazine ne publiait pas d’articles sur des sujets qui n’étaient pas esthétiques », dit-elle.

En 1978, l’article Hudson : cette rivière est vivante se concentrait sur les hauts niveaux de pollution des années 1960 qui ont mené à des efforts tant au niveau fédéral que du pays pour nettoyer la rivière et les autres fleuves des États-Unis. En 1978, l’Hudson avait rebondi et la vie aquatique proliférait à nouveau, poussant les pêcheurs interviewés pour cet article à dire : « Cette rivière est vivante. »

Un article paru en 1991 sur les décharges sauvages s’intéressait aux problèmes grandissants que posaient les sites tels que la décharge de Fresh Kills de Staten Island. Des décennies plus tard, la ville est en train de la redévelopper pour construire le parc de Freshkills, qui devrait être trois fois plus grand que Central Park.

D’autres articles paru dans le magazine se concentraient sur une ville aux résidents en crise. Un an après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, National Geographic publia un article sur les récits à la première personne de deux personnes qui habitaient dans le quartier juste à côté du World Trade Center. Vingt ans plus tard, en août 2020, le magazine publie des photos d'un New York d’un calme insolite au cours de la pandémie de Covid-19, alors que résidents et touristes restaient chez eux.

En plus d’un siècle de journalisme, National Geographic a peint le tableau d’une New York qui n’est pas seulement un lieu touristique captivant, mais aussi une ville où de vraies personnes vivent et évoluent. Dans la réflexion que publia Pete Hamill en 2015 sur ses années passées en tant que New-Yorkais, il décrit sa première visite de l’intérieur du One World Trade Center, bâti sur l’ancien site où se dressaient les tours jumelles, dont il avait observé la destruction en direct.

« Je me suis rapproché des fenêtres et j’ai regardé à mes pieds », écrivait-il. « Et il était là, le Woolworth Building, mon préféré. Toujours au même endroit, changeant de couleur dans le soleil couchant. »