Et les plus belles photographies animalières de l'année 2025 sont...

Oct 17, 2025 - 07:20
Et les plus belles photographies animalières de l'année 2025 sont...

Dix ans, c'est le temps qu'il a fallu à Wim van den Heever pour capturer le cliché de ses rêves. Après avoir identifié des empreintes et des excréments dans une ville minière abandonnée sur la côte sud de la Namibie, il allait enfin avoir la chance de photographier une hyène brune, l'espèce la plus rare au monde. Enveloppé dans le brouillard qui s'élevait de l'océan Atlantique, il a installé son piège photographique et a attendu, encore et encore.

La patience et la persévérance du photographe ont fini par payer. Sa récompense ? L'éblouissant portrait spectral d'une hyène brune « dans le cadre le plus parfait que l'on puisse imaginer », le regard perdu dans la nuit à l'avant-plan des ruines squelettiques d'une baraque de mineurs abandonnée depuis bien longtemps. La photographie, intitulée « Ghost Town Visitor », lui a valu le prestigieux titre de 61e Wildlife Photographer of the Year (Photographe de Nature de l'année[AC1] [AC2] ), décerné par le Muséum d'histoire naturelle de Londres.

L’image offre une « juxtaposition surnaturelle de la nature qui reprend ses droits sur la civilisation humaine », déclare Akanksha Sood Singh, membre du jury, dans un communiqué de presse. « À travers ses différents plans, cette image raconte une histoire de déclin, de résilience et de triomphe silencieux du monde naturel, ce qui en fait une œuvre inoubliable de cet art dédié à la nature et à la conservation. »

 

HISTOIRE D'UN CLICHÉ

Nocturne et solitaire, la hyène brune est un animal discret qui accepte difficilement de poser pour un photographe. Malgré tout, nous savons qu'elles traversent régulièrement les ruines de la colonie minière de Kolmanskop, d’où étaient jadis extraits de précieux diamants, pour rejoindre les plages du désert du Namib à la recherche d'otaries à fourrure et autres carcasses rejetées par la mer.

Après avoir compris que ces hyènes étaient bien trop insaisissables pour les immortaliser en personne, Wim van den Heever a pris la décision d'utiliser des pièges photographiques. Ce choix a suscité de nombreux défis, allant de l'éclairage aux fausses alertes en passant par les énormes tas de sable soufflés par le désert. Dix années se sont écoulées depuis la première fois où il avait imaginé ce cliché, dix années pendant lesquelles se sont succédé moult résultats décevants, mais le photographe a finalement eu gain de cause. « Je peux dire que j'ai sauté de joie ? J'étais vraiment extrêmement heureux. Je n'arrivais pas à le croire », confie-t-il.

À ses yeux, cette image transmet un message simple : il n'y a ni séparation ni distance entre les animaux et nous. « Même dans nos villes et nos milieux urbains, la nature trouve le moyen de vivre à nos côtés et la coexistence est possible si nous sommes prêts à l'accepter », affirme le photographe. « Voilà l'histoire que j'essaie de raconter. »

 

COUP DE PROJECTEUR SUR UNE NATURE MENACÉE

Cette année, la compétition a reçu le nombre record de 60 636 photos en provenance de 113 pays. En plus du grand prix, le jury décerne 18 prix supplémentaires aux clichés qui mettent en lumière divers aspects de la vie sauvage.

Le photographe brésilien Fernando Faciole a ainsi remporté le Prix de l’impact dans la catégorie photojournalisme pour sa photo intitulée « Orphan of the Road », une image émouvante où l'on voit un jeune fourmilier géant, devenu orphelin suite à une collision, suivre les pas de son soignant après le repas du soir dans un centre de réhabilitation. L'animal devrait retrouver la liberté après avoir appris quelques techniques de survie essentielles.

Dans son reportage « End of the Round-up », le photojournaliste espagnol Javier Aznar González de Rueda retrace la relation complexe entre l'Homme et les serpents à sonnette aux États-Unis. Le souhait du photographe est d'inciter à la protection de ces serpents, à la fois diabolisés et étudiés pour l'intérêt médicinal de leur venin, qui disparaissent peu à peu du paysage américain. La galerie d'images et les histoires qu'elle raconte ont permis à Rueda de remporter le Photojournalist Story Award (Prix de la meilleure histoire du photojournaliste).

Si la plupart des catégories du concours récompensent un cliché unique, le Portfolio Award est quant à lui attribué à l'œuvre plus étendue d'un photographe. Cette année, ce prix a été remis à l'autodidacte Alexey Kharitonov, dont la galerie de prises de vue aériennes par drone documente les motifs envoûtants dessinés par les immenses territoires reculés du nord de la Russie, de la Sibérie et de l'Asie. Deux de ses clichés, « Ice Motifs » et « Taiga Moon », nous montrent un lac gelé et une colline verdoyante encerclée par la glace, les pins et la mousse.

En plus de la reconnaissance envers le travail de candidats à la carrière déjà établie, le concours réserve également quelques prix aux jeunes photographes de nature. 

Le lauréat du Rising Star Award, le prix décerné aux talents prometteurs âgés de 18 à 26 ans, est le photographe allemand Luca Lorenz pour sa photographie d'un ragondin farceur volant la vedette aux cygnes tuberculés qui glissent en arrière-plan sur un lac, en Allemagne. Les ragondins ont été exportés d'Amérique du Sud vers l'Europe pour le commerce de leur fourrure et ont depuis établi des populations à travers le monde.

Le prix du Jeune photographe de Nature de l’année, dans la catégorie 15 - 17 ans, a été attribué à Andrea Dominizi qui a immortalisé un capricorne posté sur un tronc au cœur d'une parcelle de forêt autrefois exploitée pour ses bouleaux, dans les monts Lépins en Italie. Avec un engin forestier à l'abandon pour arrière-plan, « After the Destruction » explore la notion de perte d'habitat.

Cette année, bon nombre de photographies récompensées racontent une histoire commune, celle de la lutte de la nature pour son existence.

Pour la première fois dans l'histoire de la compétition, l'exposition des lauréats de cette année inclura une référence au Biodiversity Intactness Index du musée d'histoire naturelle. Cet indice évalue la proportion de biodiversité originale restante dans une région et contribue à mesurer le progrès international vers les objectifs de conservation. L'inclusion de l'indice offrira aux visiteurs un aperçu de l'évolution des habitats de la planète en réaction à la pression exercée par les activités humaines et arrive à point nommé étant donné le rythme actuel de déclin des espèces à travers le monde.

La plupart des vainqueurs du concours documentent la perte de biodiversité sur Terre depuis des années déjà et continueront de le faire.

Après avoir brièvement troqué sa tenue de photographe pour un costume afin d'assister à la cérémonie de remise des prix qui s'est tenue le 14 octobre, Wim van den Heever fait désormais route vers les îles Falkland, une région isolée et relativement vierge de notre planète, pour y dénicher de nouveaux sujets. Il devrait notamment y rencontrer des manchots, des éléphants de mer, des lions de mer ou encore des albatros à sourcils noirs. « C'est l'un des plus beaux endroits du monde et l'un des derniers où l'on peut encore vraiment goûter à la liberté. »