PortSec veut faire de la sécurité des infrastructures un moteur de croissance africaine


Lors d’Africa Day 2025 à Sciences Po Paris, Tsafir Tzvi, directeur général de PortSec, a rappelé combien la sécurité des infrastructures est devenue un enjeu économique pour un continent en pleine mutation logistique.
PortSec : sécurité des infrastructures, un enjeu économique
« La sécurité ne consiste pas seulement à prévenir les menaces, mais à favoriser la croissance. Un port ou un aéroport non sécurisé ne peut pas fonctionner à son plein potentiel. La sûreté conditionne la fluidité des échanges, la confiance des opérateurs et la capacité d’un pays à attirer des investisseurs », a déclaré Tsafir Tzvi, directeur général de PortSec, lors d’Africa Day 2025, organisé le 4 octobre à Sciences Po Paris par la French-African Foundation.
Intervenant dans le cadre du panel « Carrières dans les infrastructures », aux côtés de Serge Agnero, directeur régional Golfe de Guinée du groupe AGL, l’ingénieur installé depuis plus de dix ans au Cameroun, a replacé la question de la sécurité dans une perspective plus large : celle de la transformation logistique et industrielle du continent.
Face à lui, un public composite — étudiants, jeunes cadres, entrepreneurs, diplomates — venu assister à la deuxième édition d’Africa Day.
Tables rondes, rencontres, débats sur l’emploi et les politiques publiques : la journée se voulait un espace d’action plus qu’un forum de bonnes intentions. « Ce qui compte pour nous, c’est de mettre en avant cette jeunesse africaine qui bouge, qui innove, qui agit », rappelait Nachouat Meghouar, directrice de la fondation.
PortSec, gardien des infrastructures africaines
Fondée il y a une douzaine d’années, PortSec, s’est spécialisée dans la protection des infrastructures critiques en Afrique : ports, aéroports, sites industriels, centres de données et grands événements. L’entreprise est surtout connue pour son partenariat avec le Port autonome de Douala (PAD), au Cameroun, où elle conduit depuis 2019 le programme Douala Port Security (DPS).
Ce projet a transformé une plateforme longtemps critiquée pour ses lenteurs et ses failles. PortSec y a déployé des systèmes de vidéosurveillance intelligente, des contrôles d’accès biométriques, des radars longue portée et des drones de surveillance maritime. Selon le PAD, les vols de marchandises ont reculé de 35 % entre 2019 et 2023, et le port a obtenu la certification ISO 9001:2015, gage de conformité aux standards internationaux. Ses recettes ont dans le même temps doublé, son bénéfice net ayant triplé.
« Notre mission est simple, mais exigeante : concevoir des systèmes intégrés qui garantissent la sûreté dans des environnements hautement sensibles », a résumé Tsafir Tzvi. « Chaque jour, nous devons trouver l’équilibre entre les standards internationaux et les réalités du terrain. »
De la conformité à la souveraineté
PortSec a également contribué à la sécurisation des aéroports internationaux de Douala et de Yaoundé, tout en élargissant son champ d’intervention à des sites industriels et centres de données dans d’autres pays africains, a détaillé le dirigeant.
L’entreprise mise autant sur la formation des équipes locales que sur les systèmes biométriques, les radars ou la vidéosurveillance intelligente.
En mars 2025, PortSec a lancé la troisième phase du projet Douala Port Security (DPS) : extension du réseau de surveillance, création d’un centre de commandement à Essengue et d’un centre de formation maritime, une première en Afrique centrale.
Un modèle qui séduit, car il répond à un besoin croissant : reprendre la main sur la sécurité des infrastructures critiques, longtemps sous-traitée à des acteurs étrangers.
« On ne peut pas importer un modèle clé en main », insiste Tsafir Tzvi. « La sécurité africaine doit s’adapter au climat, aux infrastructures et aux équipes locales. C’est cette flexibilité qui fait la différence. »
Piraterie maritime, cyberattaques, vols de cargaisons : les menaces se sont multipliées ces dernières années, touchant directement les chaînes logistiques.
De Douala à Lomé, de Dakar à Abidjan, les gouvernements intègrent désormais la sécurisation portuaire, aéroportuaire et numérique dans leurs stratégies nationales de développement.
« La sécurité est devenue une matière politique, au croisement de la logistique, de la technologie et des intérêts stratégiques », explique un expert en transport maritime basé à Abidjan. Pour lui, le tournant actuel est aussi économique : « Ce qui se joue, ce n’est pas seulement la sûreté des flux, mais la souveraineté économique. Contrôler la sécurité d’un port, c’est contrôler une partie de sa chaîne de valeur. » Selon la CNUCED, près de 90 % des échanges commerciaux africains transitent par voie maritime. La sécurisation des ports conditionne donc une large part des recettes douanières et du commerce intra-africain.