Un chef-d'œuvre de la Renaissance resté caché pendant des siècles a refait surface

La ville de Llerena, dans le sud-ouest de l’Espagne, ne manque pas de monuments historiques. Haut lieu musulman à l’époque de la domination arabe sur le sud du pays, elle passa sous contrôle chrétien au 13e siècle. Pendant une brève période au milieu du 15e siècle, Llerena fut un centre de tolérance religieuse et de savoirs, un lieu où juifs, chrétiens et musulmans vivaient et travaillaient ensemble.
Cette riche histoire a donné naissance à un ensemble de belles églises et pas moins de sept couvents, enrichis d’un grand nombre d’œuvres d’art pour une si petite ville.
À l’automne 2023, la restauration d’un retable dans l’église paroissiale Saint-Jacques-le-Majeur a débuté. Ce retable comprend une peinture du 18e siècle représentant Jean Népomucène, un prêtre tchèque du 14e siècle martyrisé pour avoir refusé de révéler les secrets de la confession.
La peinture est une œuvre d’art importante en soi. Mais les restaurateurs ont découvert quelque chose d’encore plus fascinant derrière : des fresques restées cachées pendant des siècles.
VISAGES DISSIMULÉS
Les restaurateurs ont d’abord aperçu deux visages qui semblaient les fixer. En enlevant minutieusement une couche de badigeon blanc, il est vite devenu évident que l’image était partiellement peinte à la feuille d’or.
De nouveaux détails émergent dans ce qui est désormais un projet de restauration en cours. La section mise au jour jusqu’à présent comprend un superbe retable de la Renaissance. Sur le panneau central, la Vierge de Miséricorde accueille les fidèles sous son manteau, leur offrant sa protection.
Le panneau latéral gauche représente sainte Anne, accompagnée de sa fille la Vierge Marie tenant l’enfant Jésus sur ses genoux. Le panneau droit montre sainte Catherine d’Alexandrie, portant l’épée avec laquelle elle fut décapitée.
ÂGE D'OR
Bien que l’identité de l’artiste n’ait pas été établie, les historiens estiment que les thèmes et l’opulence des matériaux suggèrent que les fresques ont été commandées par la riche Ordre de Santiago. Santiago, le nom espagnol de Saint-Jacques de l'Épée, était un puissant ordre religieux qui contrôlait Llerena depuis qu’elle avait été reprise aux musulmans au 13e siècle.
Les fresques ont été peintes durant la première moitié du 16e siècle, coïncidant avec la dernière phase de construction de l’église et l’apogée culturel et économique de la ville.