Bhoutan : nos conseils pour bien préparer votre voyage

Le Bhoutan, cette petite enclave nichée au sein de l’Himalaya est le dernier royaume bouddhiste au monde et certains affirment même qu’on y retrouverait l’insaisissable Shangri‑La. Ce pays abrite plus de temples et de monastères bouddhistes qu’il n’y a de jours dans l’année. Leur seule concurrence ? Le nombre de festivals qui s'y déroulent.
Ajoutez à cela des collines verdoyantes, des forêts luxuriantes et d’innombrables montagnes encore sans nom, dans des régions si reculées qu’il faut toute une semaine de randonnée pour tomber sur le premier village et vous obtenez le pays rêvé par tout amateur de marche et de culture. On y trouve de quoi satisfaire tout le monde : de courtes randonnées vers des temples et sites sacrés au sommet de collines jusqu'au sentier qui traverse le Bhoutan, long de 403 kilomètres.
LE NOUVEAU MODÈLE TOURISTIQUE BHOUTANAIS
Fraîchement ouvert au tourisme depuis 1974, le Bhoutan a mis en place un grand nombre de règlementations pour les visiteurs. Le pays a appris des ses voisins, l’Inde et le Népal, qui croulent sous les foules et font face à des problèmes de pollution à la suite d’une commercialisation trop rapide. Il a donc emprunté une approche différente.
Le Bhoutan cherche à préserver sa culture et ses habitats naturels immaculés. Ses guides et ses travailleurs fédéraux doivent donc porter l’habit traditionnel lorsqu’ils sont en service. Pour chaque arbre abattu, trois autres doivent être plantés. Et sa constitution a fait de 64 % de ses terres une forêt permanente.
Pour se prémunir du surtourisme, le Bhoutan est également l’un des pays qui taxe le plus les touristes au monde. Ils appellent cela la taxe de développement durable, elle s’élève à 185 euros par jour et est obligatoire pour obtenir un visa. Elle vient s’ajouter aux autres coûts du voyage : logement, avion, activités, guides et autres.
QUELS FESTIVALS VOIR AU BHOUTAN
Chaque festival à son propre thème : de meilleures récoltes, améliorer la santé et le bien-être ou se protéger des mauvais esprits. Pour les locaux habitant les régions reculées, ils représentent une rare occasion, celle de passer du temps avec la famille étendue et les amis qu’ils ne voient sinon que rarement. Les célébrations durent souvent entre trois et cinq jours et nombreux sont les locaux qui y participent tous les jours afin d’être bénis par les danses.
Les costumes élaborés et les performances complexes que l'on peut voir lors de ces festivals accueillent des dizaines de danseurs masqués représentant démons, esprits, animaux et divinités au cours de performances pouvant durer trois ou quatre heures. La plupart des spectateurs sont assis sur le sol, en extérieur au soleil, et apportent des tapis ou de petits tabourets pour être plus confortablement installés.
Au cours des vingt-cinq dernières années, Kinley Gyeltshen a travaillé pour Wilderness Travel, l’une des premières agences de voyage internationales du Bhoutan. Il a organisé pour eux différents itinéraires, autour de la randonnée, du camping, du patrimoine et des festivals. Selon lui, les festivals sont un ajout divertissant à un voyage mais ne devraient pas en être le thème principal. Au lieu de cela, il suggère que les visiteurs passent la moitié de la journée à y assister, et que le reste soit consacré à explorer d’autres aspects du pays et de sa culture.
Kinley Gyeltshen encourage également les voyageurs à se rendre à des festivals plus petits, moins connus. « Non seulement, il y aura moins de touristes mais vous aurez plus de chances d’interagir avec les locaux de façon personnelle et de profiter de l’atmosphère », justifie-t-il.
QUAND SE RENDRE AU BHOUTAN
Il n’y a pas de mauvaise période pour se rendre au Bhoutan. En effet, de nombreux festivals ont lieu tous les mois à travers le pays et d’excellentes randonnées sont praticables tout au long de l’année. Lors de la planification de votre voyage, prenez en compte que la plupart des festivals suivent le calendrier lunaire, leurs dates ne sont donc pas fixes.
Novembre à janvier
La météo est plus fraîche et il peut neiger à cette période mais Kinley Gyeltshen affirme cependant que le temps se prête à la randonnée et que le ciel est dégagé. « C’est le meilleur moment pour prendre des photos, surtout si vous voulez immortaliser un ciel clair et les montagnes couronnées de neige », confie-t-il.
L’hiver est le meilleur moment pour observer les 700 grues à cou noir qui se posent dans la vallée de Phobjikha, la « vallée des grues ». Le festival des grues à cou noir a lieu en novembre, à leur arrivée, mais Kinley Gyeltshen conseille de venir en décembre ou en janvier pour observer le plus de grues possibles. À part ce festival, qui a lieu au centre du Bhoutan, tous les autres festivals d’hiver se déroulent dans l’extrême Est du pays, ce qui demande plusieurs jours de randonnée ou un vol domestique qui a de grandes chances d’être annulé.
Février à mars
La fin de l’hiver et le début du printemps vous accueillent avec des températures fraîches mais agréables, et vous aurez encore la possibilité d’apercevoir les grues de Phobjikha. Les paysages sont encore très bruns, et certaines régions sont encore susceptibles d’observer de légères chutes de neige, mais les pistes de randonnées, les festivals et les sites touristiques sont beaucoup moins bondés. Le festival de Punakha est un excellent choix, par son animation, son accessibilité et sa proximité avec de nombreux autres sites touristiques.
Avril à mai
Bien que les grues à cou noir s'en soient retournées au Tibet, Kinley Gyeltshen affirme que la fin du printemps est la saison préférée des ornithologues amateurs qui souhaitent observer le grand nombre d’oiseaux des rivières revenir au Bhoutan de leur migration du Nord de l’Inde. La météo est chaude et agréable, les vallées se parent de fleurs sauvages et les randonneurs peuvent profiter des sentiers moins enneigés et moins boueux. Le festival Paro Tshechu est un festival populaire très facile d’accès par sa proximité avec l’aéroport où virtuellement tous les voyageurs arrivent. Le point négatif de cette période, c’est que les sentiers, les sites touristiques et les festivals sont beaucoup plus peuplés.
Juin à août
Les moussons estivales sont devenues de moins en moins intenses depuis les dernières années mais cette période reste la plus humide. Les randonnées sont toujours une option mais vous faites face au risque plus grand de tomber sur des sentiers glissants et boueux. Kinley Gyeltshen remarque que le point positif de l’été, c’est que les fleurs sont brillantes et abondent. Y compris la fleur nationale, le pavot bleu de l’Himalaya, ainsi que l’espèce en danger grave, le pavot rose. Sonam Dorji, guide de voyage chez l’agence MyBhutan ajoute que les festivals estivaux sont nombreux, indifférents à la pluie ou au soleil. Le pays est également moins sous l’assaut des touristes à cause des risques accrus de pluie.
Septembre à octobre
Bien que les moussons estivales puissent continuer en septembre, la météo a tendance à être agréable. Selon Sonam Dorji, septembre est le meilleur mois de l’année pour s’engager sur de grandes randonnées, comme le sentier Snowman Trek de 350 kilomètres, qu’il a déjà fait trois fois. Considérée comme étant la plus complexe au monde, cette randonnée ardue dans l’Himalaya demande habituellement entre 24 et 30 jours à faire. Elle comporte le passage de cols qui culminent à plus de 5 000 mètres d’altitude et chaque nuit devra être passer à faire du camping sauvage.
Parce qu’octobre est moins prompt à la pluie et que plus de festivals ont lieu durant ce mois, comme celui de Thimphu et de Jakar, on y croise plus de touristes qu’en septembre. Si vous vous rendez au Bhoutan en octobre, Kinley Gyeltshen recommande de se rendre au festival des hauteurs. Chaque année du 23 au 25 octobre, ce festival de haute-altitude attire quelques étrangers, étant donné qu’il a lieu dans la ville reculée des hauteurs, Laya. Pour s’y rendre, il faut randonner près de deux heures depuis la route la plus proche.