Officiel : Ouattara brigue un 4e mandat, Thiam a dégainé son désaccord

Juillet 29, 2025 - 14:40
Juillet 29, 2025 - 14:52
Officiel : Ouattara brigue un 4e mandat, Thiam a dégainé son désaccord

C’est désormais officiel. Comme l’avait anticipé Afrique-sur7.fr le 22 juillet dernier, le président Alassane Ouattara a confirmé ce mardi 29 juillet sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Une décision lourde de conséquences, annoncée dans un post Facebook où le chef de l’État invoque les « menaces terroristes dans la sous-région » pour justifier ce nouveau saut dans l’arène électorale.

Selon lui, la stabilité de la Côte d’Ivoire est en jeu, et seule sa candidature permettrait au pays de « demeurer prospère, en paix et en sécurité ». Une rhétorique sécuritaire qui, dans un contexte sous-régional tendu, veut se poser en rempart contre le chaos.

Mais la manœuvre ne passe pas. Avant l’annonce faite, le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, était sorti de sa réserve avec une interview percutante accordée au journaliste Alain Foka. Le banquier reconverti en homme politique y accuse Ouattara d’avoir rompu un engagement : celui de ne pas se représenter. Selon lui, le chef de l’État lui aurait personnellement assuré qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat, un 4e complètement illégal.

Un feu vert venu de Paris ?

Ce revirement intervient à peine quelques jours après un entretien entre Ouattara et Emmanuel Macron à l’Élysée. Officiellement, il s’agissait d’un échange diplomatique classique. Mais selon nos sources, le président ivoirien aurait profité de cette rencontre pour informer son homologue français de sa décision. Le locataire de l’Élysée aurait insisté, dit-on, sur la nécessité de garantir une élection apaisée, transparente… et inclusive.

Mais sur ce dernier point, rien n’est moins sûr. Aucun geste n’a été fait en direction des principaux opposants exclus du jeu électoral : Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro ou encore Charles Blé Goudé. Tous sont, pour l’heure, tenus à l’écart par des décisions judiciaires aux contours parfois très politiques.

Thiam, exilé à Paris par précaution

Le patron du PDCI-RDA, lui, se trouve toujours en France. Officiellement, pour raisons de sécurité. Officieusement, parce que l’on craindrait pour sa liberté. Il affirme que des avertissements auraient été données à Augustin Thiam, son propre frère et ministre-gouverneur de Yamoussoukro, de son arrestation au cas où s’il remettait un pied en Côte d’Ivoire. Une situation ubuesque, à la fois personnelle et politique.

Au vu du timing de sa sortie médiatique, tout laisse à penser que Thiam avait été informé de l’imminence de l’annonce présidentielle. Sa réaction, mesurée, mais ferme, semble vouloir poser les jalons d’un rapport de force… ou d’un combat à distance.

Une présidentielle sous tension

Reste une question majeure : l’élection d’octobre 2025 sera-t-elle inclusive ? Emmanuel Macron, l’Union européenne et les Nations unies plaident pour une compétition ouverte à tous les grands acteurs de la vie politique ivoirienne. Pour l’instant, rien ne garantit que cet appel sera entendu. Le 2 aout prochain, la coalition PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam projette une marche pour exiger l’inclusion des candidats, une révision de la liste électorale et une réforme de la CEI.

Le discours attendu du président Ouattara, le 6 août prochain, veille de la fête nationale, pourrait donner une première indication. Mais à ce stade, l’échiquier semble se refermer plus qu’il ne s’ouvre.