Présidentielle de 2025 : Alea jacta est ! Le sort est jeté !

Juillet 30, 2025 - 15:10
Juillet 30, 2025 - 16:11
Présidentielle de 2025 : Alea jacta est ! Le sort est jeté !

Alea jacta est ! Le sort est jeté, est la phrase prononcée par Jules César en janvier 49 avant Jésus-Christ, quand il se résolut à fouler un tabou, celui de franchir le fleuve Rubicon pour marcher sur Rome. Comme Jules César, M. Ouattara entend s’affranchir une fois de plus de la constitution pour s’offrir un quatrième mandat aussi inconstitutionnel que le troisième finissant. Le sort est donc jeté aujourd’hui en Eburnie.

Présidentielle de 2025, Ouattara franchi le rubicon

Après moult hésitations et un suspense bien entretenu, le chef de l’État vient de franchir le rubicon avec l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Si pour nombre d’ivoiriens, cette annonce n’est guère une surprise, il est tout de même désolant et désespérant de voir qu’à un si haut niveau de responsabilité, la parole ne vaille pas un pet de lapin. Une parole qui lui a valu d’être comparé à Nelson Mandela par ses thuriféraires.

Mais les ivoiriens n’étaient et ne sont pas dupes. Conscients qu’ils sont, que la candidature à l’élection présidentielle ne s’analyse pas au regard d’une parole donnée, mais bien à l’aune des dispositions de la loi fondamentale. C’est à ce niveau que se situent l’enjeu et le débat de cette période pré-électorale.

L’interprétation de la loi fondamentale qu’a le chef de l’État sortant est-elle en adéquation avec celle de nos experts constitutionnalistes ?

Il nous souvient que ces experts, la main sur le cœur, nous avaient assuré que ni l’ancienne constitution, ni la nouvelle, œuvre de leur expertise ne permet à un président qui a déjà deux(2) mandats à son actif, d’en solliciter un troisième. En dépit de cette profession de foi, le troisième mandat advint, et nous nous en sommes accommodés. Voilà que point à l’horizon le quatrième, illégal et illégitime, comme le troisième si l’on s’en tient à la lecture des rédacteurs de la nouvelle constitution…Alors que faire ?

Cependant, en prenant du recul, en allant au-delà des passions et des positions partisanes, on peut à juste titre s’interroger sur le rapport conflictuel qu’entretient le chef de l’Etat avec les constitutions dans notre pays. Pourquoi depuis 1993, a-t-il maille à partir avec toutes les constitutions dont le pays s’est dotées ?

Suivons le cheminement :

•⁠ ⁠1993 : il s’est opposé à l’application de la constitution au décès du président Houphouët-Boigny relativement à la succession de celui-ci
•⁠ ⁠1995 : à l’élection présidentielle de cette année il déclarait : « …la constitution de mon pays ne me permet pas d’être candidat… »
•⁠ ⁠2000 : après la promulgation de la constitution qui venait d’être votée sous le régime militaire, il déclarait ; « …je suis visé, mais pas concerné… »
•⁠ ⁠2010 : sa candidature est dite exceptionnelle par l’application de l’article 48 de la constitution
•⁠ ⁠2015 : sa candidature est dérivée de la candidature exceptionnelle de 2010
•⁠ ⁠2020 : On croyait que le rapport conflictuel avec la constitution était désormais une histoire ancienne, par l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale qu’il a voulue.
Les experts qu’il a commis à cette tâche, ont assuré, qu’il ne peut être candidat, au regard des dispositions de leur œuvre. Il a été candidat pour cas de force majeure dit-il, non pas un troisième mandat, mais pour le premier de la Troisième République. Des experts et du chef de l’État, qui fait une lecture erronée de la constitution ?
•⁠ ⁠2025. Il est candidat au deuxième mandat de la troisième république, une candidature placée sous le sceau de la « transmission générationnelle » du pouvoir.

« Les défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, dont la gestion exige de l’expérience », explique cette candidature pour un quatrième mandat, selon le chef de l’État sortant.

Wouaooo! a-t-on envie de s’écrier !

Cela veut-il dire que sans lui, le pays va sombrer ?

En dehors de lui, pas de salut ?

En tout état de cause, le sort est donc jeté, et l’opposition ne doit surtout pas se faire d’illusions par rapport au juge des élections : le Conseil constitutionnel.
Aucun juge de cette institution n’aura une autre lecture de la constitution que celle de M. Alassane Ouattara.

C’est donc l’occasion, pour l’opposition, toute l’opposition ivoirienne, de faire preuve pour une fois, de maturité, d’intelligence et de stratégie pour contrer cette boulimie du pouvoir du RHDP, surtout que ses principaux leaders et candidats à l’élection présidentielle, sont tous radiés de la liste électorale et donc inéligible !

Tous les partis politiques de l’opposition, doivent être capables de se départir des considérations nombrilistes, idéologiques et claniques, des petits calculs de positionnement pour ne penser qu’à l’intérêt supérieur de la nation.

Faire partir le Rhdp du pouvoir, doit être l’objectif qui doit les unir. En finir avec la politique clanique faite d’arrogance, d’autocélébration, d’autosatisfaction, de rattrapage ethnique, de détournements de deniers publics, sont autant de raisons pour les unir en taisant leurs divergences et leurs contradictions.

Peu importe qui sera le président de la République, pourvu que le Rhdp s’en aille !
Voilà le leitmotiv devant rassurer les ivoiriens pour demain.
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours.
Soyez sans crainte, je suis dans la révélation
l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA