Côte d’Ivoire : ce que révèle la candidature d’Alassane Ouattara

Mardi 29 juillet 2025, le président Alassane Ouattara a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Sa décision de briguer un quatrième n’étonne guère, mais ce qui surprend plus d’un, ce sont les raisons évoquées par le président du RHDP pour soutenir sa candidature.
Candidat à un 4e mandat, les incroyables raisons évoquées par Alassane Ouattara
Alors que les cadres de son parti se satisfont d’un « bilan inattaquable », le président Alassane Ouattara semble tenir un discours contraire. En tout cas, à l’analyse de sa déclaration de candidature, on comprend clairement que tout ne va si bien comme le disent ses partisans.
Après 15 ans au pouvoir et trois mandats enchainés, le président Alassane Ouattara constate que la Côte d’Ivoire fait « face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent ». Il évoque la menace terroriste qui prend de l’ampleur dans la sous-région et des « incertitudes économiques au niveau international. Le Chef de l’Etat se rend compte que la gestion des maux « exige de l’expérience ».
Dans cette chronologie de propos, il est clair que la candidature du président Alassane Ouattara traduit points noirs d’un bilan de gouvernance de 15 années successives. Plus loin, elle révèle l’absence de profils adéquats expérimentés au sein du parti RHDP pouvant relever les défis énumérés par le président sortant. Pourtant, il y a quelques mois, le président Alassane Ouattara indiquait que son parti compte « au moins une demi-douzaine de candidats… ».
Pas de successeurs capables après 15 ans de pouvoir ?
Que deviendra le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) sans Alassane Ouattara ? Entre autres, c’est la question que la candidature du président sortant à un 4e mandat. Tout porte à croire que le parti présidentiel qui s’attribue un « bilan inattaquable » n’est pas en mesure de reconquérir le pouvoir avec un autre candidat. Pour Geoffroy-Julien Kouao, « le RHDP n’avait pas d’autre candidat que monsieur Ouattara pour cette élection présidentielle ».
Le parti s’agrippe à son leader charismatique comme s’il manquait de relève. Une hypothèse confortée par les propos du président Alassane Ouattara. « Ce nouveau mandat sera celui de la transmission générationnelle avec l’équipe que je mettrai en place », a-t-il déclaré. C’est donc l’heure de préparer la relève. Mais cinq ans, ça passe vite et si le RHDP ne change pas de méthode, il pourrait encore se retrouver sans « candidats expérimentés » d’ici 2030.
Une candidature controversée
Si l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara suscite la joie au sein de ses partisans, l’opposition dénonce une violation de la Constitution. Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Pascal Affi N’guessan désapprouve le président Alassane Ouattara sur la légalité de sa candidature à un 4e mandat. « Je n’abandonnerai pas le combat contre le quatrième mandat », a déclaré Laurent Gbagbo en juin dernier.
Selon Damana Pickass, membre influent du PPA-CI, l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara a suscité une grosse déception. « Le troisième mandat était inconstitutionnel et a été effectué au prix des vies humaines. Nous sommes vraiment tristes aujourd’hui de voir que le président vient une fois de plus de déchirer de façon définitive la loi fondamentale dont il est le garant de l’application. C’est une page très noire de l’Etat de droit et de la démocratie en Côte d’Ivoire. Nous allons prendre les dispositions qu’il faut pour dénoncer cette habitude, pour dénoncer cette violation de la Constitution et nous dresser contre ce quatrième mandat », a-t-il déclaré.
Il est rejoint par l’opposant Guillaume Soro qui dénonce lui aussi une nouvelle violation de la Constitution ivoirienne et « les principes les plus élémentaires de la démocratie ».
A l’opposé, Patrick Achi et Mamadou Touré savourent le oui du président. Pour ces cadres du RHDP, Alassane Ouattara, en annonçant sa décision de briguer un quatrième mandat répond favorablement à l’appel du « peuple ivoirien ». Ils se disent prêts à mouiller le maillot pour une victoire écrasante au soir du 25 octobre 2025.
À Abidjan, le climat politique est tendu depuis plusieurs mois. Plusieurs leaders de l’opposition sont radiés de la liste électorale et inéligibles à l’élection. Il s’agit de Laurent Gbagbo, de Charles Blé Goudé, de Tidjane Thiam et de Guillaume Soro. Les deux derniers sont en exil et leur retour avant l’élection est incertain.