Casablanca, meilleure ville marocaine pour les férus d’architecture

Casablanca est passée maîtresse dans l’art de la transformation. Anfa, la cité amazighe qui se trouvait là autrefois, fut anéantie par les Portugais en 1468. Quand ils revinrent pour reconstruire la ville un demi-siècle plus tard, ils la renommèrent « Casa Branca » (la Maison blanche). Mais en 1755, un séisme rasa la région. C’est alors que le sultan Mohammed ben Abdallah ordonna la construction de la Médina aux célèbres édifices chaulés. Les habitants de la région la surnommèrent Dar al-Baida (la « Maison du blanc »), tandis que les Espagnols, qui y ajoutèrent leur propre touche, comme en témoigne l’église San Buenaventura, qui date du 19e siècle, l’appelèrent Casablanca. Les Français érigèrent ensuite des bâtiments de style art nouveau et néo-mauresque et firent de Casablanca une plateforme commerciale après leur arrivée en 1907. Le Maroc devint un protectorat français en 1912 et le demeura jusqu’en 1956. La mosquée As-Sunna et le marché de la rue d’Agadir, des édifices futuristes imaginés par l’architecte franco-marocain Jean-François Zevaco, marquèrent l’avènement d’une nouvelle ère d’indépendance.
Les visiteurs affluent aujourd’hui à Casablanca pour découvrir son architecture variée. Des édifices néo-mauresques mêlant éléments islamiques et style art déco jalonnent le boulevard Rachidi, notamment La Poste centrale, le Palais de justice et l’église du Sacré-Cœur, cathédrale d’ivoire construite en 1930. Plus à l’est, quelques établissements, dont le cinéma Rialto, qui offre un aperçu de l’histoire cinématographique mythique de la ville, forment le district du petit Paris. Des visites guidées de la plupart de ces sites peuvent être organisées via Casamémoire, organisme à but non lucratif qui œuvre, depuis 1995, à la préservation du patrimoine architectural du 20e siècle de la ville.
Le quartier Habbous est tout aussi charmant. Construit pour la majeure partie entre les années 1920 et 1930 pour accueillir un afflux de marchands marocains, ce quartier du sud de la ville a un côté artisanal avec ses nombreux étals dédiés au cuir et aux objets faits à la main. Ne manquez pas la porte en bois finement sculptée qui mène à la pâtisserie Bennis Habous, où l’on sert des kaab el ghazal (des cornes de gazelle) fourrées à la pâte d’amande et d’autres délicieuses pâtisseries marocaines.
Les jeunes Casaouis ont tendance à se retrouver sur les pelouses bien entretenues du parc de la Ligue arabe et du parc d’Anfa. Ce dernier accueille l’été les festivals de musique de Casablanca : Jazzablanca et le festival Alif attirent tous deux un public nombreux, tandis que L’Boulevard, qui se tient dans le stade du RUC, tout près de là, est connu pour mettre à l’honneur des artistes de la scène rap marocaine, qui est en plein essor. Les danses contemporaines suscitent également un vif engouement ; les curieux ont coutume de se rassembler le long des marches bordées de palmiers de la galerie de la Villa des Arts pour regarder les breakdancers de l’association BIM Breaking. L’esprit créatif de Casablanca s’exprime également dans son art urbain ; des œuvres murales avant-gardistes figurant des formes de vie extraterrestres bordent la promenade de la Corniche. Le skatepark Nevada, l’un des plus grands d’Afrique, abrite lui aussi plusieurs œuvres audacieuses, dont A Glitch in the Skatepark de l’artiste local Abidwane.
Un peu plus calmes que celles de Fez ou de Marrakech, les rues serpentines et pavées de la médina regorgent de vendeurs proposant sandwiches au poisson frais et douceurs fourrées aux dattes. Tables et chaises en plastique remplissent les grandes places où les visiteurs passent le temps en sirotant du café dans des tasses en verre miniatures. Dar DaDa, restaurant situé dans une cour, propose des repas plus consistants, notamment un généreux tajine de poulet. On retrouve également des spécialités marocaines chez Saveurs du Palais, un restaurant intimiste situé plus à l’ouest, dans le quartier de Maârif, où l’on s’installe sur de petits sièges à coussins pour savourer une pastilla au poulet ou un tajine d’agneau mijoté. Si vous souhaitez apprendre à cuisiner vous-même des plats marocains, Taste of Casablanca organise des visites des marchés de la ville où vous déambulerez en quête d’ingrédients qui vous serviront lors d’un atelier culinaire supervisé.
TROIS INCONTOURNABLES
1. Mosquée Hassan II
Inaugurée en 1993, cette mosquée au minaret vert est l’une des plus grandes d’Afrique. En dehors des heures de prière, les personnes non musulmanes ont la possibilité d’admirer le savoir-faire marocain qui s’y déploie. Le granit rose vient d’Agadir et le bois de cèdre sculpté des montagnes de l’Atlas.
2. Spa Royal Mansour Casablanca
Pas besoin de réserver une chambre au Royal Mansour Casablanca pour profiter de son spa. L’hôtel possède son propre hammam marocain traditionnel, des bains publics où l’on frotte, lave et masse les clients jusqu’à la félicité.
3. Ciné-théâtre Lutetia
Inauguré en 1953, le Ciné-théâtre Lutetia a accueilli des avant-premières prestigieuses et des stars internationales du cinéma avant de tomber en décrépitude. Ses ornements art déco ont été depuis restaurés et on peut y voir une riche programmation de films régionaux.