Don Mello viré du PPA-CI : L. Gbagbo perd un gros soutien

Août 1, 2025 - 21:20
Août 1, 2025 - 21:39
Don Mello viré du PPA-CI : L. Gbagbo perd un gros soutien

C’est la Bérézina au PPA-CI et, plus largement, dans l’entourage de Laurent Gbagbo. Ahoua Don Mello, qui vient d’annoncer sa candidature à la présidentielle, s’est vu adresser un communiqué d’au revoir. Indubitablement, Laurent Gbagbo vient de perdre l’homme fort de son nouveau parti.

La décision du PPA-CI

Hier, le ministre Ahoua Don Mello confirmait, lors d’une conférence de presse, sa candidature – par précaution – à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Ce compagnon de longue date de l’ancien président ivoirien a tenu à souligner que sa décision ne constituait pas une rupture avec le chef. Très élogieux à l’égard de Laurent Gbagbo, il a insisté sur la nécessité pour le PPA-CI de s’engager dans la compétition électorale qui s’annonce.

Mais comme on pouvait s’y attendre, cette initiative n’a pas été bien accueillie dans les rangs du parti. Don Mello a immédiatement été relevé de ses fonctions par un communiqué signé de Laurent Gbagbo en personne :

« …Il est mis fin aux fonctions de Monsieur Ahoua Don Mello, en qualité de Vice-Président Exécutif en charge des Lacs et de la Promotion du Panafricanisme. »

Le ministre Don Mello ne collabore donc plus avec Laurent Gbagbo. Une situation qu’il semble assumer pleinement. Sur Live TV, il a confié avoir déjà préparé sa lettre de démission du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire. La rupture est donc réelle, et surtout définitive.

La candidature de Don Mello et ses conséquences

Il convient de rappeler que ces derniers mois, le PPA-CI avait acté la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle à venir. Pourtant, l’ancien chef de l’État est radié des listes électorales à la suite d’une condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO ». Une décision judiciaire controversée, d’autant que la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest elle-même n’a jamais reconnu le moindre vol. Son représentant l’a d’ailleurs déclaré lors du procès et a adressé un courrier dans ce sens au juge.

Pour beaucoup, cette condamnation est perçue comme une manœuvre politique visant à écarter un adversaire de taille.

Déterminé à rétablir ses droits, Laurent Gbagbo mise sur sa candidature comme levier politique. De façon surprenante, Don Mello et d’autres cadres du parti s’étaient initialement alignés derrière cette position. Il avait même confirmé en direct sur NCI que Laurent Gbagbo restait le seul candidat du PPA-CI. Mais voilà : à trois mois de l’échéance, il change de cap et lance sa propre candidature.

Aujourd’hui, Don Mello explique que son soutien antérieur à la candidature Gbagbo s’inscrivait dans une stratégie : gagner du temps pour obtenir sa réinscription sur les listes. Or, depuis que la Cour Africaine des Droits de l’Homme a estimé que les droits de Gbagbo n’avaient pas été violés, tout espoir juridique s’est effondré. Le dernier argument justifiant la candidature de Gbagbo s’est donc évaporé.

Pour éviter une politique de la chaise vide, synonyme d’absence totale du PPA-CI dans cette présidentielle, Don Mello dit avoir pris ses responsabilités. Il se lance, convaincu qu’il faut coûte que coûte maintenir le parti dans la course.

En interne, il affirme avoir mené depuis plusieurs mois une bataille pour des candidatures alternatives, afin d’assurer une présence électorale effective.

Photo : Laurent Gbagbo et Ahoua Don Mello.
Photo : Laurent Gbagbo et Ahoua Don Mello.

Un timing contesté

Ce qui dérange dans la posture actuelle du ministre Don Mello, c’est le timing. Son annonce intervient à la veille d’une importante mobilisation politique du front commun PPA-CI – PDCI-RDA, dont la marche initialement prévue a été reportée au 9 août. Ce revirement risque d’impacter la mobilisation populaire. Si la réhabilitation de Laurent Gbagbo échoue, certains militants pourraient lui imputer la responsabilité d’un désistement stratégique.

Plus encore, la candidature de Don Mello affaiblit Laurent Gbagbo sur la scène politique : l’existence d’un « plan B » réduit mécaniquement la pression sur le président Alassane Ouattara, dont une intervention était espérée.

Les décisions controversées de Laurent Gbagbo

Au sein du PPA-CI, la sanction est tombée sans appel. Don Mello, pourtant moteur du parti, a été écarté. De tous les cadres pro-Gbagbo, c’était sans doute le seul à avoir tissé de véritables alliances internationales pour crédibiliser la ligne panafricaine du PPA-CI. Ses relations avec le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud avaient d’ailleurs mené à sa nomination en tant que haut représentant des BRICS pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Grâce à cet engagement, il s’était bâti une stature d’homme d’État, reconnu dans de nombreuses capitales du continent. Son départ constitue donc une perte stratégique majeure pour le parti.

Mais cette mise à l’écart soulève aussi des questions sur la gouvernance de Laurent Gbagbo. Déjà, son départ du FPI avait été perçu comme une contradiction avec sa devise : « Asseyons-nous et discutons. » Aujourd’hui, la rupture avec Don Mello semble confirmer une intolérance au désaccord, et une incapacité à maintenir un dialogue interne.

En somme, cette éviction de trop donne le sentiment qu’au PPA-CI, toute voix divergente est immédiatement sanctionnée. Une tendance qui pourrait peser lourd sur la cohésion du parti dans les mois à venir.