PPA-CI : Ahoua Don Mello défie Gbagbo, il le paiera cher !

Avec l’affaire Ahoua Don Mello, l’histoire se répète une fois de plus dans la politique ivoirienne et surtout dans le camp du Président Laurent Gbagbo. Les ambitions personnelles viennent de nouveau d’emporter un homme qui aurait pu compter parmi la relève.
PPA-CI : Ahoua Don Mello, un nouveau soldat perdu
Dans la politique ivoirienne, la fidélité au chef vous fait durer, le défi vous perd, et Dr Ahoua Don Mello vient lui aussi d’ajouter son nom aux étoiles qui ne brilleront jamais en Éburnie. Du PDCI-RDA au RHDP, en passant par l’ancien FPI de Laurent Gbagbo, fondateur du PPA-CI, toutes tentatives de défiance des chefs aboutissent à un effacement de la surface politique de leurs auteurs.
Un des meilleurs technocrates de la politique ivoirienne et maillon fort du PPA-CI est en train de s’engager lui aussi sur le chemin de sa perdition. La politique ivoirienne a ceci de particulier : aucun cadre ne survit durablement à une émancipation mal négociée à un des trois grands leaders. Au PDCI-RDA, les cas sont légion. Feu Laurent Dona Fologo, Charles Konan Banny ou tout récemment Jean-Louis Billon ont tous été estompés après avoir affiché des ambitions non soutenues par leurs leaders.
Au RDR, l’ancêtre du RHDP, le ministre Zémogo Fofana n’a pas survécu politiquement à la création de l’Alliance pour une Nouvelle Côte d’Ivoire avec laquelle il croyait s’émanciper du Président Alassane Ouattara, alors patron de l’opposition ivoirienne sous le régime de Laurent Gbagbo. À la chute du régime du FPI, c’est le professeur Mamadou Coulibaly qui a tenté l’expérience avec Leader. Alors qu’il était un des hommes d’avenir du FPI d’alors, il a quitté le navire officiellement peu après l’effondrement du régime de la réformation de Laurent Gbagbo. Depuis, il a perdu du poids politique au point de déserter Koumassi, où il était Député du 10 décembre 2000 au 30 septembre 2011 avec le soutien de son ancien chef.
Pascal Affi N’Guessan, en s’accrochant à la tête du FPI sans l’aval de Laurent Gbagbo, connaît le même sort. Ses différentes variations d’approches politiques et son surréaliste alliance « alimentaire » avec le RHDP du d’Alassane Ouattara, principal adversaire politique de la gauche ivoirienne depuis la fin du Front Républicain de 5 avril 1995, ont complètement ruiné sa carrière politique. À moins d’un ralliement à Laurent Gbagbo, rien ne semble pouvoir sauver ce soldat perdu.
Les BRICS ne sauveront pas le soldat égaré
C’est à cette liste déjà bien longue de cadres perdus que vient de s’ajouter Dr Ahoua Don Mello avec sa lettre demandant à Laurent Gbagbo de prévoir un plan B pour l’élection présidentielle de 2025. Cette lettre est pour le peuple de gauche la fin du « Grand » Ahoua Don Mello, auréolé de son titre de haut représentant des BRICS pour l’Afrique occidentale et centrale, qui rendait son profil attrayant.
Ce titre, qui rapproche l’ex-compagnon de Laurent Gbagbo de la Russie de Poutine, pays utilisé par les africanistes pour décrier la France, va, les semaines et mois à venir, comprendre combien tout peut devenir rien aux yeux des militants politiques d’un de ces trois grands blocs en Côte d’Ivoire. Son lien avec les BRICS qui le positionne dans le paysage politique de la gauche va très rapidement perdre de son éclat. Poussé dans son émancipation par le RHDP, à travers ses communicants, Don Mello se condamne peu à peu à un avenir difficile en politique ivoirienne. Sa décision et son timing sont pour beaucoup de pro-Gbagbo une trahison doublée d’une immense immaturité politique. Au regard du délai restant, il ne pouvait tout au plus que se positionner que pour 2030, à condition d’avoir été en première ligne dans la bataille pour réhabiliter Laurent Gbagbo.
- Comment Dr Ahoua Don Mello, qui a dit dans l’émission d’Ali Diarrassouba sur NCI, qu’il n’y avait qu’un plan A au PPA-CI, Laurent Gbagbo en l’occurrence, a-t-il pu se convaincre de devenir le plan B sans l’accord des autres membres du parti à quelques mois du scrutin ?
- Pourquoi évoquer la question d’un plan B à Laurent Gbagbo à un moment aussi décisif du bras de fer entre le PPA-CI et le RHDP pour l’inscription de Gbagbo sur la liste électorale ?
- Où est Don Mello dans la bataille pour réhabiliter Laurent Gbagbo et pourquoi se croit-il en pole position pour le plan B ?
Quoi qu’il arrive, le mal est déjà fait et Ahoua Don Mello s’est déjà grillé sur la base d’inférences non fondées d’experts autoproclamés pro-RHDP. Ne bénéficiant d’aucune base populaire, il peut difficilement faire le contrepoids devant Laurent Gbagbo dans cette élection. Pire encore, il lui est désormais difficile de bénéficier d’un report de voix du PPA-CI dans une électorale de laquelle sera absent Laurent Gbagbo.
En politique, n’est pas Diomaye Faye qui veut
On peut difficilement demander à Laurent Gbgabo de la jouer à la Ousmane Sonko quand le dauphin intéressé n’a pas fait le Bassirou Diomaye Faye. Jusqu’au bout, l’actuel Président sénégalais est resté fidèle à son ami et mentor. C’est Sonko qui a pris la décision de proposer Diomaye Faye et fait le travail auprès des autres membres du parti pour le faire élire et non l’inverse.
C’est en cela que le jeune Président, en apparence naïf, est en réalité un stratège très habile. Il a de façon redoutable manœuvré pour aligner les planètes en sa faveur. Les cadres politiques ivoiriens devraient en prendre de la graine, surtout lorsqu’on a un électorat engagé dans une relation interpersonnelle avec les leaders.
Ne dit-on pas que « l’arbre qui veut grandir seul dans la savane finit toujours par manquer d’ombre ? »
Une analyse de Gary SOGNON.