Cacao : Pourquoi les planteurs camerounais gagnent plus que les ivoiriens !

Juillet 22, 2025 - 10:50
Juillet 22, 2025 - 13:40
Cacao : Pourquoi les planteurs camerounais gagnent plus que les ivoiriens !

En Afrique de l’Ouest, les grands pays producteurs de cacao connaissent des fortunes très différentes. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, le Ghana ou encore le Cameroun ne traitent pas leurs planteurs de la même façon. Le Cameroun, encore loin derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana en volume, offre de meilleurs revenus à ses paysans. Un paradoxe qui suscite très souvent des questions essentielles.

Pourquoi les planteurs camerounais de cacao sont-ils aujourd’hui mieux rémunérés que leurs voisins ivoiriens ?

La réponse à cette question se trouve dans la structure de la filière cacao. En Côte d’Ivoire, l’État contrôle étroitement les prix à travers un système centralisé. Dans celui-ci, à chaque campagne, un prix plancher est fixé (1 800 FCFA/kg pour la saison 2024–2025). Celui-ci est supposé garantir une certaine stabilité, mais coupe les producteurs de la hausse réelle des cours mondiaux. Pire encore, de lourds prélèvements étatiques (jusqu’à 45 % du prix d’exportation) grèvent le revenu final du paysan.

À l’inverse, le Cameroun a opté pour une libéralisation partielle de sa filière. Les planteurs y vendent leur cacao au prix du marché, ce qui leur a permis de toucher jusqu’à 6 000 FCFA/kg cette année. L’absence de taxe d’exportation significative et la liberté de négociation ont renforcé leur pouvoir de fixation des prix, surtout face à la demande croissante des chocolatiers européens.

Résultat : malgré une production bien plus faible, les planteurs camerounais vivent mieux de leur travail. Pendant ce temps, en Côte d’Ivoire, les promesses d’un « prix décent » restent souvent théoriques, même avec des initiatives comme le Living Income Differential (LID), mal redistribué. La filière cacao du Cameroun est plus libérale, avec moins de taxes à l’exportation (pas de prélèvements comparables à ceux de la Côte d’Ivoire). Malgré la baisse mondiale à 8 285 USD/tonne de Cacao, le Cameroun verse 3885F/KG contre 1800F/KG pour la Côte d’Ivoire.

Il faut cependant noter que le cacao camerounais est parfois plus recherché par certains marchés niche soi-disant pour son meilleur arôme obtenu par la fermentation naturelle. Le cacao ivoirien est pourtant naturellement fermenté lui aussi. Le cacao de Côte d’Ivoire est supposément surnommé “bulk” (standard), puis est vendu en masse à bas prix. Le produit ivoirien n’est pas assez valorisé malgré son caractère incontournable dans le monde.

Ce contraste montre bien que plus de cacao ne signifie pas plus de richesse, surtout quand l’organisation de la filière pénalise ceux qui la font vivre.