Front commun : PPA-CI et PDCI unis par la dérive du RHDP, un exploit ! – Analyse

En Côte d’Ivoire, le Front Commum, principale coalition politique d’opposition née de la réunion du PPA-CI et du PDCI pour contrer le RHDP, va impulser le mouvement « Trop c’est trop« qui réclame un certain nombre d’acquis démocratiques. Nazaire Kadia, analyste politique et homme de gauche, développe pour Afrique-sur7, l’exploit rendu possible par « la dérive totalitaire » du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire… Analyse.
Front commun PPA-CI -PDCI: comment la dérive totalitaire et hégémonique du pouvoir RHDP a réussi l’exploit de rapprocher deux partis que tout oppose.
La dérive totalitaire et hégémonique du pouvoir RHDP, son désir de conserver le pouvoir à tous les coups, ainsi que son arrogance, avaient réussi hier l’exploit de rapprocher le Front Populaire Ivoirien (FPI) d’alors, de M. Laurent Gbagbo et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) de M. Henri Konan Bédié. Deux partis que tout oppose et qu’aujourd’hui tout rapproche.
Dans la même lignée, les deux partis, le Ppa-Ci et le Pdci-Rda viennent de sceller un front commun pour contrer la dérive totalitaire du pouvoir Rhdp, et obtenir des conditions acceptables pour l’élection présidentielle à venir.
En effet, face à l’agonie que vit le pays, face à la déprime qui est devenue le quotidien de tous les ivoiriens, face à l’incertitude que fait peser la gouvernance de la case ronde sur la mère-patrie, le Ppa-Ci et le PDCI ont tu leurs divergences idéologiques et tous les contentieux qui ont pu exister entre eux, pour ne regarder que la Côte d’Ivoire et sa survie.
Ce front qui vient d’être mis en place a pour principe de mettre en synergie les efforts des deux partis, à l’effet de parvenir à infléchir les certitudes d’un pouvoir dont le leitmotiv est que tout est « bouclé, scellé et géré ». Les problèmes qui fâchent sont nombreux et connus.
Depuis des années, les partis politiques de l’opposition luttent pour une Commission Électorale Indépendante équilibrée, et à équidistance de tous les partis politiques, un découpage électoral juste, et surtout en cette année électorale, la révision et l’audit de la liste électorale.
Mais, comme s’il avait un agenda caché, le président de l’institution en charge des élections, aidé en cela par le Rhdp, freine des quatre fers et ne veut nullement entendre les complaintes de l’opposition.
Le président de la Commission Electorale Indépendante (Cei), Coulibaly Kuibiert, a déclaré que les délais ne lui permettent pas une révision de ladite liste avant la prochaine présidentielle. On tombe des nus devant une telle déclaration.
Pourquoi ce qui a été possible en 2010, 2015 et 2020, ne le serait pas cette année ?
Pourquoi le président de la Cei, freine-t-il des quatre fers pour épouser la position du Rhdp qui ne veut pas de cette révision avant l’élection présidentielle ?
Certes la loi ne fait pas obligation de réviser la liste avant les élections, mais le bon sens ne commande pas non plus de le faire après…
La plus grande discorde entre l’opposition et le pouvoir
Mais le magistrat hors hiérarchie avec ses certitudes, nous a habitués à des prises de position guère différentes de celles du parti au pouvoir.
L’interview que celui-ci avait accordée à TV5 MONDE en septembre 2024, a mis en exergue l’enfumage dont est l’objet le peuple ivoirien relativement à la révision de la liste électorale.
De petites relances de la journaliste qui menait l’interview, ont réussi à déstabiliser le tout-puissant président de la Cei, au point de reconnaître que la révision de la liste électorale qui doit se faire chaque année au regard de la loi, ne se fait pas à cette fréquence. La Cei attend l’année électorale ou quelques temps avant pour faire cette opération.
Ce qui était nié à Abidjan et balayé du revers de la main, est reconnu à Paris.
La sérénité qui a toujours été celle de Coulibaly Kuibiert, avec quelques airs goguenards devant les journalistes ivoiriens, avait disparu au cours de cette interview devant la journaliste de TV5.
Mais la plus grande discorde entre l’opposition et le pouvoir, est l’élimination, par des artifices juridiques, de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Soro Guillaume et Tidjane Thiam de la présidentielle à venir.
Éviter ainsi qu’armaggedon n’advienne
Le front créé doit pouvoir mener la lutte pour leur réintégration à la compétition, mais surtout s’opposer à un quatrième mandat du chef de l’Etat, tout aussi illégal que le troisième dont on s’est accommodé.
Comme on le voit, beaucoup de chantiers attendent le nouveau front du Ppa-ci et du Pdci-Rda pour le renouveau de la Côte d’Ivoire.
Mais pour être efficace et pouvoir porter haut la voix de tous les frustrés et victimes de la gouvernance du Rhdp, cette coalition doit pouvoir s’élargir à tous les partis politiques de l’opposition et aux membres de la société civile qui se retrouvent dans les revendications du nouveau front.
Le Mgc de Simone Ehivet, le Cojep de Charles Blé Goudé et la formation de Soro Guillaume, ont leur place dans ce front pour la nouvelle marche en avant qu’on veut imprimer au pays, et dont le Ppa-Ci et le Pdci-Rda sont là locomotive.
Les Ivoiriens aspirent aller à des élections transparentes, inclusives et apaisées. Chacun de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir, doit œuvrer pour qu’on y arrive et éviter ainsi qu’Armaggedon n’advienne.
Tout le monde y gagnerait.
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA.