Tidjane Thiam : « Une Côte d’Ivoire qui se protège de l’AES, c’est ridicule »
Le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, n’approuve pas les tensions entre la Côte d’Ivoire et les pays de l’AES. L’ancien patron de Crédit Suisse trouve « ridicule » le fait que son pays se prenne pour une forteresse.
Tidjane Thiam contre les tensions entre la Côte d’Ivoire et l’AES
La relation entre la Côte d’Ivoire du président Alassane Ouattara et les trois pays de l’AES s’est détériorée avec l’avènement des présidents Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger). Cette brouille entre ces pays et la nation fondée par Félix Houphouët-Boigny est née du militantisme du Président Ouattara en faveur du rétablissement des régimes déchus.
Depuis, de Bamako à Ouaga en passant par Niamey, c’est la grande méfiance. Ces derniers mois, les tensions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina voisin, qui compte plusieurs millions de ses ressortissants sur le sol ivoirien, sont montées à un niveau jamais égalé. Ouaga accuse le régime Ouattara de tentatives de déstabilisation. Du côté d’Abidjan, Alino Faso, un activiste burkinabè, avait été arrêté suite à des soupçons de participation à des actions déstabilisatrices contre la Côte d’Ivoire. Ce dernier est d’ailleurs décédé en détention jeudi, selon un communiqué du Procureur de la République d’Abidjan publié ce dimanche.
Intervenant sur la chaîne AFO, Tidjane Thiam a brièvement évoqué ces tensions entre la Côte d’Ivoire et ses voisins. Pour lui, les pays frontaliers de la Côte d’Ivoire sont des peuples frères.
« Il y a le Libéria, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Ghana. Quand vous allez à l’Ouest, ce sont les mêmes populations des deux côtés de la frontière. Ils parlent la même langue. Vous montez vers la Guinée ; d’ailleurs, des Baoulés sont en train de planter du cacao en Guinée. Donc ce sont les mêmes populations. Vous allez au Mali, à la frontière, c’est la même chose… Burkina Faso, c’est la même chose. Au Ghana, idem. Donc la Côte d’Ivoire est une mosaïque. »
Reprenant une citation de son grand-père Félix Houphouët-Boigny, il lance : Donc cette idée « d’une Côte d’Ivoire forteresse (qui se protège de l’AES), c’est ridicule. Je suis contre, je l’ai dit… D’ailleurs, j’ai de bonnes relations avec un certain nombre de gens dans ces pays-là. »
Tidjane Thiam assure qu’une fois élu, la Côte d’Ivoire « revitalisera les relations avec ses voisins », car, dit-il, « on ne peut s’en sortir qu’ensemble. »
Le président du PDCI estime qu’il faut « toujours dialoguer. La Côte d’Ivoire n’est pas le pays de la kalachnikov, c’est le pays du dialogue. Donc, on doit dialoguer avec ces gens là. On ne peut pas faire une forteresse Côte d’Ivoire. On n’a pas assez d’argent, on a des problèmes de l’éducation, de santé. On a mieux à faire que d’aller acheter des drones dans les pays développés avec des moyens qu’on n’a pas. Tout cela parce qu’on n’arrive pas à s’assoir avec nos frères du Mali, du Burkina ou de Guinée.»
